"Voix de la Terre" - Actes Sud
Ce qu’il faut avant tout savoir :
Éric Julien est géographe et consultant en entreprise. En 1985, alors qu’il gravit le massif de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, il est sauvé d’un œdème pulmonaire par des Indiens Kogis (Kagabas). Pour les remercier et rallier leur cause, il fonde l’association Tchendukua – Ici et ailleurs, dédiée au soutien des communautés kogis et à la transmission de leur culture pour promouvoir un mode d’existence plus harmonieux et respectueux du vivant. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Indiens Kogis. La mémoire des possibles (Actes Sud, 2009), un livre collectif qui revient sur son parcours.
Résumé du livre :
À l'heure des grands déséquilibres écologiques, économiques et sociaux, ce livre raconte l'histoire d'une improbable rencontre. En 2018, deux Marnas et une Saga, autorités spirituelles des Indiens kogis (Colombie), ont participé avec une vingtaine de scientifiques français à la réalisation d'un diagnostic croisé de santé territoriale du Haut-Diois, petit territoire de la Drôme. Au cours de ces quelques semaines véritablement extraordinaires, des échanges féconds, tout en délicatesse et respect mutuel par-delà les différences culturelles, ont permis l'émergence fragile d'une nouvelle pensée, d'un nouveau paradigme, en alliance avec ce vivant qui nous traverse, nous porte et nous fait vivre. Le dialogue est une réinvention permanente, signe de conscience et de maturité des sociétés, des organisations qui le permettent, le pratiquent et le transmettent. Il révèle que, seuls, nous ne sommes rien, que les autres, humains et non humains, nous renseignent sur ce que nous ne savons pas ou plus de nous, et qu'ensemble tout est possible. Alors que l'on déplore aujourd'hui une véritable crise de sens et un désarroi croissant, et si écouter les « voix de la Terre » nous permettait de retrouver les « voies de la guérison » et de la résilience ?
Mama Bernardo, Saga Narcisa et Mama Shibulata font partie d’une délégation d’Indiens kogis invités en France en 2018 grâce à l’association française Tchendukua.
Derniers héritiers de l’une des plus brillantes sociétés précolombiennes du continent sud-américain, pour deux d’entre eux, c’est la première fois qu’ils s’éloignent de leur territoire d’origine afin de participer à un « diagnostic croisé de santé territoriale » sur les hauts plateaux du Vercors, en compagnie d’une vingtaine de scientifiques de toutes disciplines.
« Une opportunité pour les grands frères, dont font partie les Kogis, ceux qui connaissent les lois de la nature, de dialoguer enfin avec les petits frères, les modernes, que nous sommes, ceux et celles qui ne connaissent rien aux lois de la nature. »
En lisant ce livre, c’est tout un autre univers qui s’ouvre à nous, nous invitant à un retour à soi, sur cette vie qui résonne en nous et qui interagit avec le vivant puisque nous fonctionnons comme la Terre et l’Univers, mais ça, nous l’avons oublié.
« Il ne s’agissait pas tant d’échanger des idées ou des concepts, mais de résonner autour d’un même sujet vivant, un territoire, ce qui le constitue, ses formes, ses couleurs, ses matières organiques, ses dynamiques, dans le temps et l’espace. »
Eric Julien porte la parole de celles et ceux qui ont participé à cette improbable et incroyable expérience.
En cheminant avec les Mamas kogis et les scientifiques français sur les terres encore sauvages du Haut-Diois et en découvrant leurs analyses, leurs déductions si précises grâce à leur faculté d’observation, d’écoute qu’ils mettent en oeuvre, on se rend bien compte que nous nous sommes déconnectés de l’essentiel, de cette approche "sensible" du terrain, cet échange avec les "voix" de la Terre que nous sommes incapables de comprendre sans nos méthodes modernes…
Au cours de ces journées passées dans la vallée de la Drôme, plus les informations se révèlent aux Kogis, plus se fait jour une évidence :
« Non, leurs connaissances ne sont pas issues d’un processus, mélange de tâtonnements hasardeux, de mythes et de superstitions comme nombre de “modernes” ont longtemps essayé de nous en convaincre. Depuis la nuit des temps, elles sont transmises de génération en génération, sur la base non pas d’une seule cosmogonie (du grec cosmos, “monde”, et gon, “engendrer”), mais bien d’une cosmogonie qui associe une part de cosmologie, à savoir une science des lois générales par lesquelles le monde physique (l’univers) s’est créé. »
Durant toute ma lecture, ce partage du dialogue véritable entre sciences modernes et sciences traditionnelles, où l’on accepte d’écouter, de rencontrer l’autre, d’élargir le champ des possibles m’a émerveillée et époustouflée par cette capacité qu’ont les Kogis de se mettre en lien avec les montagnes, l’eau (composante féminine du vivant que Saga Narcissa sait "écouter"), jusqu’à leur relation avec le monde minéral.
« Chaque pierre, selon sa forme, sa texture, ses couleurs, ses combinaisons, va avoir un rôle, une fonction spécifique, et participer d’une communication entre les pierres, et de façon plus globale, entre les vivants. »
C’est cette alliance avec le vivant, ce profond respect pour la nature sous toutes ses formes que nous proposent les Kogis, non pas pour leur ressembler, mais pour (r)éveiller la mémoire du vivant en nous, sa dimension invisible, sensible et féminine, étouffée par la volonté de contrôle et de pouvoir de nos sociétés modernes.
Agrémenté de quelques photos, c’est un ouvrage magnifique, plein d’espoir et d’enthousiasme que nous offre Actes Sud à travers cette toute nouvelle collection intitulée "Voix de la Terre” que je vous invite à découvrir !
En lisant ce livre, vous ne contemplerez plus la nature comme un simple paysage, mais bien un « Pays-sage » avec lequel il convient d’interagir pour rester en équilibre, la seule condition pour que les communautés humaines restent en “bonne santé”. Il nous faut pour cela remettre la nature dans nos cœurs et nos pensées.
« La Terre Mère est en train de changer et menace nos conditions de vie. Chaque esprit quel qu’il soit, chaque décision ne vient jamais au hasard. Il y a longtemps, nous avons eu un rêve d’avenir, celui de pouvoir nous parler aujourd’hui, nous sommes là, pour explorer ensemble le chemin que nous devons suivre » Mama Hernando Arhuaco
Alors, rejoignons-nous pour réenchanter le vivant !
Pour aller plus loin :
Tchendukua Ici-et-Ailleurs vous présente sa nouvelle série "RE|CONNEXION", pour se reconnecter au vivant, se reconnecter à soi-même, aux autres, aux éléments et à l'esprit. Eric Julien ouvre un dialogue avec les Kogis, Arhuacos, Wiwas, qui font partie des 300 millions d'autochtones dans le monde, et qui connaissent, respectent et protègent 90% de notre biodiversité.
Au travers de petites histoires, nous rencontrerons des chamans, des enfants, des hommes et des femmes qui nous partageront leur vie et leur société en alliance avec la nature. S'inspirer et se reconnecter avec ces peuples qui ont fait le choix de protéger, soigner la terre, et de vivre ensemble en paix.
- Saison 1 - Episode 1 : Pilote
Saison 2 :
Après une première saison dans laquelle Eric Julien nous invitait à nous reconnecter à nous-même, aux autres, aux éléments et à l’esprit, il nous dévoile enfin ce qui nous attend dans cette nouvelle saison, pleinement ancrée dans la dynamique : « Réenchanter le vivant »
- Vous pouvez retrouver mon article sur ce Regards croisés entre chamanes kogis et scientifiques suite à leur venue en France en août 2018.