Éditions l’Olivier, 367 pages, 2006.
Traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch.
Nina, actrice, âgée d’une cinquantaine d’année est de retour dans la maison de son enfance en Irlande, mais cette pauvre femme vient de se faire assassiner par le jardinier Georges, son ami d’enfance, qui l’a sauvagement massacrée avec une paire de cisaille avant de l’enterrer, ou plutôt de la jeter dans le tombeau excrémentiel qui est la fosse septique de la maison. Devenue fantôme, Nina voit tout, c’est le privilège de son état. N’étant nulle part, elle est partout à la fois et assiste à l’existence qui continue sans elle, au déroulement de l’enquête et revient sur son passé pour essayer de comprendre pourquoi elle en est arrivée là.
Petite fille, elle est chouchoutée par son père, un homme d’affaire anglais devenu riche. Ses parents, soucieux de voir leur fille d’une dizaine d’année, à l’imagination débordante, parler avec grande conviction à une amie imaginaire, décident de la confier à une gouvernante qui aura la tâche de la sevrer du monde abstrait pour la ramener au monde réel. Mais cette dernière s’avère peu fiable préférant la Guinness à l’éducation de la jeune demoiselle. Ne sachant plus quoi faire ses parents la laissent jouer avec les deux enfants d’une famille de pêcheurs vivant de l’autre côté de la rivière. Une amitié sincère va naître entre Janie, Georges et Nina, ils sont inséparables. Georges, à l’esprit simplet, tombe amoureux fou de Nina. Ce sentiment qui le hante complètement va s’amplifier, voir s’affoler avec l’arrivée de Gregory, fils jusque-là caché du père de Nina.
Dans ce trio devenu quatuor, la Première Guerre mondiale va venir interrompre leur adolescence, leur rêverie, en les séparant. Cette version moderne des Hauts de Hurlevent est un roman envoûtant qui ne se lâche pas facilement. Sous cette plume de cinéaste, Neil Jordan entraîne le lecteur dans une intrigue romanesque et théâtrale à la façon d’un film avec son flash-back, ses arrêts sur image…Une belle réussite !
Citation en exergue :
« Chères ombres maintenant vous savez tout. » W.B. YEATS (1865-1939)