Par mes soupirs laissez vous enflammer,
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien : dans l'amoureux empire,
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait,
Et, lorsqu'on aime et que le coeur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d'aimer, c'est de le vouloir taire,
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère,
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loy ?
Qu'estant des coeurs la douce souveraine,
Dessus le vostre, Amour agisse en roy.
Rendez-vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez-vous aux volontez d'Amour,
Aimez pendant que vous estes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.