Éditions Belfond, 2006, 313 pages.
Traduit de l’américain par Isabelle Maillet.
« Il arrive que l’on perde de vue certaines personnes, comme ça, sans raison particulière, même des personnes que l’on aime », C’est ce qui est arrivé à Nora, cette jeune nouvelliste de trente-cinq ans, sans nouvelle depuis cinq ans de son ami Isaac qui ne cesse de resurgir dans sa tête, dans ses rêves.
Une nuit d’insomnie, dans un hôtel perdu au milieu de nulle part avec l’envie désespérée de lui parler, Nora prend son courage à deux mains et réussi à faire son numéro de téléphone sans raccrocher aussitôt.
Pour fêter leurs retrouvailles, il décide de se rejoindre dans un bar de l’Upper West Side, où ils venaient souvent lorsqu’ils étaient encore ensemble. « Isaac l’attendait dans un box au café. Il se leva à son approche et ils s’étreignirent. Isaac était grand, Nora petite ; il dut se pencher pour la prendre dans ses bras. Tout en le serrant contre elle, Nora huma l’odeur de sa peau. C’était la même qu’autrefois : une bonne odeur de pain complet tout chaud. »
Nora traverse une crise existentielle, depuis quelque temps, elle n’arrive plus à écrire, elle est confrontée à une panne d’inspiration qui la plonge dans les affres familières du doute et pour envenimer le tout, elle n’est pas très heureuse du couple qu’elle forme avec Benjamin. « Aussi, le simple fait de voir Isaac, de contempler son visage, lui procurait-il un soulagement indéniable. Il avait toujours cru en elle, lui accordant une confiance qui frisait l’irrationnel. Et même si elle ne pouvait pas se fier à ses jugements, parce qu’il avait toujours été un peu trop enthousiaste à son égard, sa seule présence suffisait à lui remonter le moral. »
Mais Isaac, qu’elle trouve amaigri, plus anguleux et plus vulnérable, n’est pas très en forme non plus. Il ne s’est jamais remis de leur séparation, sa vie est depuis jalonnée par les dépressions nerveuses et son esprit de liberté, d’investissement personnel pour son métier de photographe a disparu...
Ce livre, très bien écrit, démarre sur les bases d’une simple comédie romantique, mais qui a beaucoup plu à mon côté fleur bleue. Avec affection et sensibilité, Brian Morton nous offre une bien belle balade dans les rues de New York en nous dévoilant les failles de ces deux jeunes artistes new-yorkais dont l’un, en retrouvant l’inspiration, va infliger à l’autre des blessures beaucoup plus intimes.
C’est exquis, léger, prenant, avec en prime une anecdote à propos de Rilke et quelques références littéraires qui sont venues s’ajouter à ma longue liste à lire !
Existe en poche
Lire les avis de Clarabel & Frédérique qui sont tout aussi enthousiastes et celui de Lilly & de Cathulu qui le sont beaucoup moins !