Augustin Lesage est né le 9 août 1876 à Saint-Pierre-lès-Auchel où son père, ancien cultivateur à Saint-Venant, vient de s’installer pour travailler dans les puits de mine de la Compagnie de Ferfay et Ames, ouverts depuis 1855. Son enfance est marquée par la mort de Marie, sa sœur âgée de trois ans : trente ans plus tard, c’est à elle qu’il attribuera ses premiers messages médiumniques.
Tu seras peintre !
Un jour de 1911, alors âgé de 35 ans, il entend, au fond de la mine, une voix lui dire : « Un jour tu seras peintre ! ». Il se trouve alors dans un boyau de cinquante centimètres. « J’étais seul », racontera t-il plus tard, « Voyez ma stupéfaction ! J’avais peur, mes cheveux se dressaient sur ma tête ». Il garde d’abord cet épisode sous silence puis, un an plus tard, il est initié au spiritisme et commence à peindre de manière automatique.
Sa première toile, de 3 mètres sur 3, est conçue à la façon des miniaturistes. Les motifs se succèdent de manière parfaitement symétrique. Augustin Lesage peint de façon spontanée et dit être poussé par des "esprits" qui guident sa main : « Lorsque je me mets à peindre, […] je me laisse guider par une force que je ne puis définir […]. Je n’ai jamais pris de leçons, ni de dessin, ni de peinture, je n’ai pour matériel que quelques godets, pinceaux et tubes de couleurs à l’huile. D’où m’est venue ma vocation, après 27 années de mine ? Je ne sais. »
À partir de 1913, il quitte la mine pour se consacrer à la peinture et, influencé par les psychosistes que côtoie son ami Ambroise Lecomte, il s’initie au guérissage. Les malades viennent si nombreux voir ces "guérisseurs spirites" que le corps médical leur intente un procès en 1914. Accusé d’exercice illégal de la médecine, Augustin Lesage est acquitté grâce aux témoignages de malades qu’il a guéris.
Succès et reconnaissance
Mobilisé le 2 août 1914, il dessine, dans les tranchées, des cartes postales et des souvenirs du front qu’il distribue aux soldats. Le 11 mars 1916, il est à nouveau affecté dans les mines. Redevenu houilleur à Burbure, il n’abandonne pas la peinture pour autant.
Dès 1923 (alors qu’il a définitivement quitté la mine), ses toiles sont exposées à Paris et il connaît un grand succès, d’abord à la Maison des spirites puis au Salon des artistes français. Ses œuvres, rattachées au mouvement spirite et étudiées par André Breton, sont louées par les surréalistes. Elles seront finalement intégrées à la Collection de l’art brut à Lausanne.
Il meurt à Burbure le 21 février 1954, laissant près de 800 toiles.
- Extrait de l'article du site Les Archives du Pas de Calais.
Pour aller plus loin :
Les artistes se réclamant du spiritisme ont été nombreux aux dix-neuvième et vingtième siècles. Les peintres comme Augustin Lesage illustrent à merveille le principe du médium. Des individus issus le plus souvent de milieux modestes se mettent soudain à peindre, sans avoir connu auparavant de formation artistique. Sans influence artistique, ils forment une partie de ce qu'on appelle l'art brut. Leurs œuvres, comme celle de Lesage, sont la plupart du temps très structurées et les peintres ne peuvent les expliquer eux-mêmes. Par ailleurs leur technique se révèle souvent inexplicable.
- Pour admirer ses autres peintures, rendez vous sur le site abcd-art.brut et cliquez sur l'image.
Pour aller encore plus loin :
Luiz Antonio Alencastro Gasparetto est un célèbre médium peintre brésilien. Il a réalisé, en état de transe, plusieurs milliers de toiles caractérisés par le style et la signature d'un artiste disparu. Là où un artiste vivant aurait besoin d'une dizaine d'heures pour exécuter un tableau de taille et de complexité comparables, Luiz Gasparreto ne met qu'une à deux heures et son travail a toujours un aspect de finition assez remarquable.
Il peint parfois en même temps deux tableaux de style très différent. L’un avec la main gauche et l’autre avec la main droite, toujours sans regarder. Luiz a donné gratuitement l'intégralité de ses toiles à des œuvres de charité.