

Éditions Stock, Collect. La Cosmopolite, 2007, 374 pages.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Pierre Bay et Jacqueline Chnéour.
L’Écrivain Isaac Bashevis Singer éprouvait du désir pour toute la gent féminine et il n’était fidèle seulement qu’à deux choses qu’il évoquait sans cesse dans ses œuvres : le monde ashkenaze et le yiddish, langue dans laquelle il écrivait. « Shosha » est donc l'un de ses romans les plus autobiographiques puisque le héros, le jeune Arele Greidinger, est un écrivain yiddish fauché qui a deux passions, la littérature et les femmes.
Et les femmes il va en rencontrer, elles seront plusieurs à se partager ses faveurs. Dora, la communiste avec qui il a une liaison, Célia, une femme mariée qui s’ennuie…Tout ceci se passe à Varsovie en 1939. Pour la communauté juive de Pologne, le temps des dernières illusions est passé. Le drame qui se prépare va tout emporter, tout détruire.
Arele a publié un livre que tout le monde lit à Varsovie. Alors qu’il travaille sur une pièce, il rencontre Betty une comédienne américaine qui lui demande de lui en écrire une spécialement pour elle. Elle met tous ses espoirs dans ce jeune auteur et en tombe amoureuse jusqu’à le demander en mariage. Mais Arele a retrouvé Shosha, une petite amie d’enfance qu’il n’avait pas revue depuis presque vingt ans et qu’il n’a jamais pu oublier « Je rêvais d’elle la nuit. Dans mes rêves, elle était à la fois morte et vivante […] Sa peau avait l’éclat de la nacre. Je m’éveillais toujours de ce rêve avec un goût sucré dans la bouche, et le sentiment que Shosha n’était plus de ce monde. » Enfantine, fragile, arriérée disent certaines personnes, Shosha, par sa seule présence, va transformer son existence de Don Juan blasé, il est comme « illuminé de l’intérieur », elle incarne toute la pureté, la fraîcheur, l’innocence dans un pays où le peuple juif a le sentiment d’être en sursis puisque les Polonais le détestent et n’attendent qu’une seule chose qu’Hitler vienne les en débarrasser.

Extrait :
- Arele, je voudrais te demander quelque chose, mais ne
te fâche pas.
- Qu’est-ce que tu veux savoir ?
- Tu m’aimes vraiment ?
- Oui, Shosha, très fort.
- Pourquoi ?
- Il n’y a pas de pourquoi. Parce que.
- Tant que tu n’étais pas là, tu n’étais pas là. Mais si tu
t’en allais maintenant et si tu ne revenais pas, je
mourrais de mille morts.
- Je ne t’abandonnerai plus jamais.
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