29 octobre 2006
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Éditions Albin Michel, 2002, 180 pages. Dès les premières pages, l'ambiance m'a de suite projetée dans 84, Charing Cross Road de Hélène Hannf, que j'ai beaucoup aimé, puisque ce sont des lettres échangées entre une libraire et un passionné de littérature.
Kay Bartholdi, propriétaire d'une librairie-salon de thé à Fécamp, part à Paris pour prendre livraison des commandes de ses clients et c'est sa vendeuse Nathalie qui garde la boutique pendant son absence. À son retour, elle écrit à Jonathan Shields qui a déposé une liste d'éditions anciennes qu'il aimerait acquérir. Il est américain et amoureux des livres. Petit à petit leur échange professionnel se transforme en une amitié épistolaire plus intime, parfois tendre, d'autres fois plus violente. Ils cherchent à se connaître à travers leur goût littéraire. Jonathan tente de faire parler Kay, car il ressent dans ses mots la souffrance, mais Kay ne parvient pas à se dévoiler, à ouvrir son coeur, elle garde en elle la déchirure d'un amour passé, enfuit, la plongeant dans l'errance de la solitude et de l'attente. Elle a peur de s'attacher à cet homme, cet inconnu qui semble pourtant bien la connaître.
Un coup de coeur pour cette histoire belle et douloureuse. Une correspondance touchante et difficile à lâcher.
Le site officiel de Katherine Pancol
Citation :
« Attendre une heure est long
Si l'amour est en vue
Attendre l'éternité est bref
Si l'amour est au bout. »
Emily DICKINSON (1830-1886), Quatrains
Publié par Florinette
27 octobre 2006
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© E. ROBERT/Opale
Éditions Robert Laffont, 2006, 336 pages.
C’est lors d’une banale course dominicale dans un magasin d’usine que Fred fait une rencontre inopinée, il est face à son passé, aux deux personnages qui ont marqué sa jeunesse. Il n’y aura que de brefs échanges de regards, aucune parole n’en sortira ce ne sont que les souvenirs qui reviendront prendre place dans la tête de Fred.
L’histoire se déroule entre 1985 et 1986. Fred a vingt et un an et est surveillant dans un collège situé près de chez lui. C’est un jeune homme à l’allure nonchalante, en plus de son métier de pion, il s’occupe de la fermeture des classes. Un beau jour, il entend de la musique, il reconnaît cet air car cette une chanson que sa sœur écoutait en boucle, il y a quelques années, quand elle était en pleine dépression. En ouvrant la porte il aperçoit la jeune professeur de dessin, Myriam Lebrun, dans un moment d’intimité qu’il n’ose pas la déranger.
Et là quelque chose se passe, c’est le coup de foudre, Fred tombe amoureux de Myriam, il n’a pas encore conscience de ce qui va lui arriver, dans quel engrenage il vient de mettre les pieds car Myriam, quoique troublée par Fred, en aime un autre.
Il fera la connaissance de Thomas et malgré tout il continuera à espérer mais ce que Fred ignore c’est qu’elle est enceinte. Quand elle annonce cet heureux évènement, lors d’une soirée entre copains, c’est le choc, Fred s’effondre et décide de s’éloigner d’elle. Mais un drame les réunira et Fred fera tout pour aider Myriam et Thomas, il s’occupera d’eux avec une totale abnégation afin de leur éviter de sombrer, de partir à la dérive, il sera leur ombre.
Coup de coeur pour ce magnifique roman qui est une véritable succession de tableaux. On passe de l’un à l’autre, on vit dans leur tête, on ressent une telle empathie pour ces trois protagonistes que l’on a dû mal à les oublier une fois le livre refermé.
Citation en exergue :
« Et dans cent cinquante ans, on s’en souviendra pas,
De la vieillesse qui prend, de leurs signes de croix,
De l’enfant qui se meurt, des vallées du tiers-monde,
Du salaud de chasseur qui descend la colombe,
De ce que t’étais belle, et des rives arrachées,
Des années sans sommeil, cent millions d’affamés
Des portes qui se referment, de t’avoir vue pleurer
De la cour solennelle qui condamne sans ciller.
Alors souris. »
Raphaël, Et dans cent cinquante ans.
Quatrième de couverture :
« Un dimanche en province, lors d'un vide-grenier. Sur le stand 111, des objets changent de main. Et se mettent à raconter l'histoire de celui qui les vend, de ceux qui les prennent une histoire qui nous ressemble. »
C’est une émouvante et triste histoire. Celle de Antoine un quadragénaire qui vient de divorcer et qui doit faire ses cartons, rassembler ses affaires, c’est l’heure de la séparation. Il décide alors de faire un vide grenier. Mais les affaires qu’il a sélectionnées, en pensant ne pas y être attaché, ont une histoire et ce sont ces souvenirs qui reviennent le hanter.
Puis il y a l’éloignement avec ses enfants et la difficulté qu’il a à communiquer avec eux à cause de ses absences trop souvent répétées. Il est malheureux et pour exprimer les sentiments qu’il ressent pour sa fille, il aimerait lui confier ce qu’il a de plus précieux, ce dont il ne pensait jamais pouvoir se séparer ; son stylo plume, le compagnon de ses mémoires.
Ce roman représente bien l’attachement que l’on pourrait ressentir pour certains objets qui ont fait partie de notre vie pendant un laps de temps. Et maintenant quand je traverse les allées d’un vide grenier, je me demande si ces hommes et ces femmes pensent la même chose quand ils se retrouvent seuls face à leurs souvenirs qu’ils ont étalés à la vue de tout le monde afin de les envoyer vers une autre destination pour une autre histoire.
Citation :
« Méfie-toi des souvenirs comme d’une montre arrêtée. » Georges SCHÉHADÉ (1907-1989) Monsieur Bob'le (Gallimard).
Quatrième de couverture :
« Parce que chaque souvenir est une chanson, un homme se met à nu et raconte ce qu’il a dans le cœur depuis qu’il est tout petit…
Juke-Box chante la vie, l’amour, l’amitié, les petits riens du quotidien, les drames parfois, et les renaissances. Quarante ans de la vie d’un homme sentimental, quatre décennies de tubes : le lundi au soleil d’un enfant des années 1970. La bombe humaine de son adolescence, l’indicible cruauté de Just an Illusion mais aussi la douce de Belle ou la lumière de Danse s’y… Chaque chanson revient, telle une empreinte qu’on croyait oubliée, pour nous raconter l’histoire de l’homme, du père, du mari, de l’écrivain q’est devenu ce petit garçon fasciné par son premier vinyle. »
« Insérez une pièce » et la touche play dans notre tête s’enclenche, nous voilà lisant ce livre en fredonnant toutes les chansons qui s’inscrivent en début de chaque paragraphe où l’existence de cet homme est rythmée par les tubes de l’époque. C’est un roman où se mêlent la mélancolie et la gaieté qui font ressurgir nos propres souvenirs.
Citation :
« Tout finit par des chansons. » Pierre Augustin CARON de BEAUMARCHAIS (1732-1799)

Quatrième de couverture :
« Ce roman prend racine aux quatre coins des côtes françaises. De Capbreton dans les Landes, en 1972, à Arromanches – Calvados – en 2002, en passant par Hyères et Perros-Guirec. Rien ne relierait ces personnages s’ils n’avaient le goût des locations à la mer. Ils se sont croisés dans l’épice particulière des soirs d’été. Les couples, les familles, les célibataires qui nous ont précédés. Ceux d’avant.
Ainsi, le lecteur, avec Jean-Philippe Blondel, éprouve-t-il lui aussi le sentiment d’être à la suite de quelqu’un. Il reste une empreinte qui s’attarde. Ici, il y a eu des envies, et puis des bonheurs étrangers, tellement visibles qu’ils ressemblent aux nôtres. »
C’est un roman original, qui nous fait suivre, sur trente années, l’évolution de la vie chez ces locataires de bord de mer. Plusieurs familles prendront la parole, on assiste au changement du temps qui passe, des couples qui se font et se défont, des naissances… Les sentiments qu’ils éprouvent à chaque bouleversement d’orientation, l’espoir et le désespoir. C’est jamais le même narrateur, mais on ne peut pas se perdre dans leurs histoires, car à un moment donné leurs chemins se croisent.
Citation :
« Il faut avoir confiance dans les surprises de la vie. » Jean-Philippe Blondel - Accès direct à la plage
Publié par Florinette
23 octobre 2006
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Éditions Gallimard, Rentrée Littéraire 2006, 356 pages.
Prix Georges-Brassens 2006
Dans un immeuble très chic, au 7 rue de Grenelle, se croise le destin de deux personnes atypiques.
Il y a d’abord Renée Michel, cinquante-quatre ans, la gardienne de l’immeuble qui est à ce poste depuis 27 ans et qui s’évertue à porter la parfaite panoplie de la concierge de peur d’être démasquée, (gros chat qui somnole sur des coussins recouverts de taies au crochet, télévision qui reste allumée toute la journée, filet à provision ou dépasse les fanes de carotte et le papier rose du boucher…). Renée à une passion secrète c’est une autodidacte qui adore les livres, l’art, la science, c’est un véritable puits de culture qui se cache des habitants en prenant l’air ignare, car elle ne veut pas faire des histoires en bouleversant par son savoir les stéréotypes et les idées reçues.
Au cinquième étage de l’immeuble dans un appartement de quatre cents mètres carrés vit Paloma Josse, une petite fille de douze ans, qui a une intelligence aussi grande que la fortune de son père député. Cette petite fille très particulière aime s’enfermer dans sa chambre pour s’abstraire de cette famille qu’elle trouve désolante. Entre une sœur Colombe qui l’insupporte et une mère qui n’a pour seule distraction l’arrosage de ses plantes vertes, Pamola décide, afin de les faire réagir, de mettre le feu à l’appartement avant d’aller se suicider, le jour de ses 13 ans, chez sa grand-mère avec les barbituriques de sa mère. En attendant la date fatidique elle a pour objectif de faire quelque chose d’utile de ses quelques jours qui lui restent à vivre, elle note dans un journal ses pensées profondes.
Mais l’arrivée de Mr Kakuro Ozu, riche japonais s’installant au quatrième étage, va bouleverser l’existence de Paloma, adoratrice de mangas, et de Renée effrayée et attendrie de voir son producteur fétiche prendre possession des lieux.
Pour ce deuxième roman, Mureil Barbery, nous offre un vrai bonheur de lecture, même si j’avoue parfois mettre sentie perdue dans les réflexions très psychologiques de la concierge, je me suis régalée dans ce roman profond mais léger en passant du rire et en le terminant avec les larmes aux yeux.
Extrait :
« Mme Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’intuition qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. »
Le blog de Muriel Barbery
Citation :
« L’intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie. » Henri BERGSON (1859-1941)
Publié par Florinette
21 octobre 2006
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Photo : © P. Swirc
Éditions Grasset, Août 2006, 276 pages.
Au funérarium du Père-Lachaise, c’est l’enterrement d’Anna Tonnerre. Ses enfants, Laurence, Bertrand et Jérôme attendent la fin de l’incinération pour déposer l’urne au columbarium. Jérôme est nerveux, car il doit leur révéler les dernières volontés écrites de leur mère qu’elle lui a adressée sur son lit de mort avant de s’éteindre : « Je veux être incinérée », jusqu’à là pas de problème, mais Jérôme leur lit la suite « …et mes cendres jetées dans l’Atlantique Sud. », sans aucune autre explication. À partir de là tout se complique. Mais où est-ce donc l’Atlantique Sud, c’est très vague comme destination ?
Laurence et Bertrand décident d’un commun accord de laisser Jérôme, le dépositaire du testament, s’occuper du largage des cendres. Mais il ne s’est pas comment il va procéder et se trouve bien embarrassé par le pot aux cendres de sa mère, lui, ce grand rêveur des voyages au long cours n’est qu’un velléitaire névrosé. Rien que le fait de s’éloigner de son quartier lui déclenche une vraie crise de panique (troubles intestinaux, céphalées entêtantes...). Arrivera-t-il à surmonter sa phobie ?
Après avoir tourné autour du pot, ce passionné des mots et de palindromes cherche à comprendre avant tout le pourquoi de cette destination finale en farfouillant dans les affaires de sa mère restées dans l’appartement familial.
À force de remuer le passé, il découvrira le pot au rose d’une femme qu’il ne connaissait guère et confiera ses craintes et ses découvertes à un psychanalyste. À travers la mort de sa mère, c’est sa mémoire qui se ravive et son passé qui s’éclaircit.
C’est un roman plein d’humour et de tendresse, c’est plein de jeux de mots, de références à certains personnages et chansons. Et c’est très encourageant pour la suite puisque c’est son premier roman !
Citation :
« Partir c’est mourir un peu, mais mourir c’est partir beaucoup. » Alphonse ALLAIS (1855-1905)
Publié par Florinette
19 octobre 2006
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Éditions Viviane Hamy, Rentrée Littéraire 2006, 267 pages.
C’est en regardant les photos de son arrière grand-père Lambert, garde-chasse au château des Perrières, que le narrateur nous fait entrer dans son histoire. Un bond dans le passé, dans l’ouest profond du XIXe siècle, au fin fond de la France sur les terres brumeuse et austère du vieux baron de l’Aubépine qui vient de mourir en laissant le domaine à son unique héritier ; son fils. Ce dernier, longtemps humilié par un père tyrannique, reprend possession des lieux après quinze ans d’absence.
Lambert qui incarne la rigueur et la moralité voit d’un mauvais œil ce jeune baronnet prendre la place de son ancien maître, surtout quand il s’aperçoit très vite que sa conduite n’est pas digne de son rang. Il multiplie les gestes déplacés et adore inviter des demi-mondaines pour les voir courir nues dans les couloirs sombres et déserts de son château, les suivant jusqu’à l’essoufflement un rasoir à la main. Car ce jeune baron de l’Aubépine aime se faire raser de près par ses demoiselles - du menton aux doigts de pieds - et surtout il s’enflamme, s’exalte à lacérer leur dessous. Tout cela au grand désespoir des domestiques Lambert et de sa femme Eugénie.
Et puis plein de faits étranges viendront pimenter ce roman ; les disparitions. En premier celle de Cachan, le valet de pied du baron, un homme sadique qui aime harceler Eugénie, suivit de la pétulante parisienne Berthe François ramenée par le fiévreux baronnet.
Les obsessions délirantes de ce châtelain qui s’enfonce progressivement dans la folie, en inondant de ses lettres excessivement admiratives Victor Hugo exilé à Guernesey, vont se renforcer. Magdeleine, la fille de Lambert, devient l’objet des convoitises de ce troublant baron. Dès lors, c’est une lutte de pouvoir qui s’installe entre le baron et Lambert, l’un terrifié par les chiens, l’autre par les mœurs, ils s’épient, s’affrontent jusqu’au drame en emportant dans leur sillage la belle Magdeleine.
C’est un huit clos étouffant, déstabilisant, mais terriblement envoûtant. Le lecteur comme les personnages ne sortent pas indemnes de ce roman à l’intrigue glaçante portée par une écriture brillante.
Citation :
« La folie, c’est la mort avec des veines chaudes. » Xavier FORNERET (1809-1884)
Publié par Florinette