7 novembre 2006
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Éditions de l’Olivier, août 2006, 307 pages.
Myriam, la quarantaine, décide sur un coup de tête d’ouvrir un petit restaurant qu’elle baptise, en toute simplicité, «Chez moi ». Pourquoi ce nom ? car c’est plus qu’un restaurant, c’est chez elle, elle y vit, y dort aussi, elle n’a pas assez d’argent pour se payer un autre loyer.
Pour faire plaisir à ses clients, elle s’y investit sans retenue afin de leur préparer de bons petits plats. Elle aime le contact, prend le temps d’écouter les personnes qui franchissent le pas de sa porte et qui ont à cœur de faire quelque chose pour l’aider. Après un début un peu chaotique, tout le monde se bouscule dans ce restaurant, on y croise un fleuriste amoureux, deux jeunes étudiantes, et des habitants du quartier. Mais derrière tout ce joli décor se cache en réalité une sombre histoire. Myriam cache un secret inavouable, ce restaurant n’est en fait qu’un exutoire, une réconciliation avec elle-même pour conjurer un passé douloureux.
Ce livre qui démarre de manière optimiste porte en réalité un thème grave qui est celui de l’amour maternel. Myriam est hantée par ça et elle passe son temps à comprendre ce qui lui est arrivé. Bannie par sa famille et par ses amis, elle n’a personne à qui se confier.
C’est un très beau roman qui se déguste avec bonheur, où les talents culinaires de Myriam excitent les papilles gustatives, on arrive même à sentir le parfum de ces aromates qu’elle présente de façon poétique.
C’est un régal d’écriture gorgée d’émotions et de bons sentiments que nous offre Agnès Desarthe.
À dévorer sans modération.
Et pour la petite anecdote, je suis moi même une ancienne restauratrice qui, comme Myriam, n’avait pas assez d’argent pour s’offrir un logement décent et j’ai été obligé de dormir pendant plusieurs mois sur un lit de camp au milieu des chaises et tables et à me laver dans l’évier de la cuisine... Ce passage-là m’a vraiment fait sourire car je me suis trouvé projetée dans le personnage.
Le site d'Agnès Desarthe
L'avis de Barbabella
L'avis de Clarabel
Citation :
« Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n'y projetait déjà une histoire. » André GIDE (1869-1951)
Publié par Florinette
5 novembre 2006
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Éditions Le Dilettante, Août 2006, 122 pages
Un livre à l’ambiance étrange, ponctuée de phrases sibyllines car plus j’avançais dans l’histoire plus je m’enfonçais dans les méandres de la pensée du narrateur en me demandant, mais où veut-il en venir ? car ce narrateur, qui est péagiste sur une autoroute quasiment désaffectée, est le seul en cabine, tout le monde à disparu depuis qu’un cri a envahi la planète, depuis que le tableau d’Edvard Munch portant le même nom a été volé.
Mais lui ne l’entend pas, il continue consciencieusement son travail tout comme certaines personnes rodant aux alentours du péage, dont Daniel un gendarme qui troquera son uniforme contre un habit de crooner, un couple de campeur venu faire une halte sur un bord de verdure avant le franchissement de la barrière, une femme désespérée qui n’arrive pas à faire le choix entre son mari et son amant… Et puis étrangement dans cet univers déconcertant et apocalyptique on commence à y voir plus clair, le narrateur sort de cette vision irréelle où il s’était isolé pour mieux échapper à l’horreur, à la douleur, à cette peine indicible d’homme meurtrie, en révélant au lecteur la véracité des faits. Edvard Munch - Le Cri -1893
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, car j’ai été séduite sur l’étrangeté du déroulement de l’histoire et le résultat m’a laissé songeuse. Et c’est sûrement le résultat escompté par Laurent Graff.
Citation en exergue :
« Alors si tu croises un enfant qui demande
Où va tout le blanc quand la neige fond ?
Dis-lui que ça fait gonfler les torrents
Que ça fait souffler le vent
Pour emporter plus loin
Trop loin tous les gens. »
Renaud Papillon PARAVEL, Le vent décime.
L'avis de Solenn
Publié par Florinette
1 novembre 2006
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© HANNAH/Opale
Éditions Grasset, Rentrée Littéraire 2006, 207 pages.
Sophie a 9 ans et elle vient de perdre son père. Elle assiste à son enterrement, mais ne se rend pas bien compte qu’elle ne le reverra plus jamais, elle le croit endormi et Max, le gardien du cimetière, n’est autre qu’à ses yeux le gardien du sommeil des gens.
Elle ne veut pas accepter la réalité, n’arrive pas à faire son deuil et son chagrin l’amène à trouver un père de transfert dans le chirurgien qui vient de lui ôter un rein. Mais sa mère, encore jeune et belle, décide de refaire sa vie. Sophie devient alors insupportable avec elle, odieuse avec ce père de substitution qu’elle n’a pas choisi et avec lequel sa mère se marie. On assiste à des déchirements cruels. Elle ne comprend plus sa mère.
Sophie reste attachée à cette tombe et comme chaque année, à la date anniversaire de sa mort, elle s’y rend seule, un bouquet de mimosa à la main. Elle a besoin de parler de raconter ses déboires à ce père absent. Elle souffre de n’être pas comprise par son entourage. Heureusement qu’il y a Max qui est toujours là pour l’accueillir. Le temps aussi c’est arrêté pour lui, il vit dans le souvenir, il lui confie sa peine, son interminable et douloureuse attente pour le retour de Hanna, sa bien aimée qui a été déportée pendant la guerre et qui n’est jamais revenue.
Au fil des ans, c’est une belle amitié qui se tisse entre eux fait de secrets, de lettres votives destinées aux morts, de dialogues surnaturels avec Thérèse de Lisieux. Ces rencontres annuelles leur apprendront à grandir, à accepter la mort pour continuer de vivre. Le cimetière devient pour eux un endroit de paix où les êtres passés et présents peuvent se réconcilier.
Anne Goscinny nous révèle dans ce livre attachant quelques bribes de sa propre histoire. Elle aussi a perdu son père à l’âge de 9 ans et sa mère 17 ans plus tard (voir biographie). On ne peut qu’y penser en parcourant ces pages à l’ambiance solennelle et cocasse.
L'avis de Clarabel
Citation :
« L’absence est le plus grand des maux. » Jean DE LA FONTAINE (1621-1695) Les deux pigeons.
Publié par Florinette
29 octobre 2006
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Éditions Albin Michel, 2002, 180 pages. Dès les premières pages, l'ambiance m'a de suite projetée dans 84, Charing Cross Road de Hélène Hannf, que j'ai beaucoup aimé, puisque ce sont des lettres échangées entre une libraire et un passionné de littérature.
Kay Bartholdi, propriétaire d'une librairie-salon de thé à Fécamp, part à Paris pour prendre livraison des commandes de ses clients et c'est sa vendeuse Nathalie qui garde la boutique pendant son absence. À son retour, elle écrit à Jonathan Shields qui a déposé une liste d'éditions anciennes qu'il aimerait acquérir. Il est américain et amoureux des livres. Petit à petit leur échange professionnel se transforme en une amitié épistolaire plus intime, parfois tendre, d'autres fois plus violente. Ils cherchent à se connaître à travers leur goût littéraire. Jonathan tente de faire parler Kay, car il ressent dans ses mots la souffrance, mais Kay ne parvient pas à se dévoiler, à ouvrir son coeur, elle garde en elle la déchirure d'un amour passé, enfuit, la plongeant dans l'errance de la solitude et de l'attente. Elle a peur de s'attacher à cet homme, cet inconnu qui semble pourtant bien la connaître.
Un coup de coeur pour cette histoire belle et douloureuse. Une correspondance touchante et difficile à lâcher.
Le site officiel de Katherine Pancol
Citation :
« Attendre une heure est long
Si l'amour est en vue
Attendre l'éternité est bref
Si l'amour est au bout. »
Emily DICKINSON (1830-1886), Quatrains
Publié par Florinette
27 octobre 2006
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© E. ROBERT/Opale
Éditions Robert Laffont, 2006, 336 pages.
C’est lors d’une banale course dominicale dans un magasin d’usine que Fred fait une rencontre inopinée, il est face à son passé, aux deux personnages qui ont marqué sa jeunesse. Il n’y aura que de brefs échanges de regards, aucune parole n’en sortira ce ne sont que les souvenirs qui reviendront prendre place dans la tête de Fred.
L’histoire se déroule entre 1985 et 1986. Fred a vingt et un an et est surveillant dans un collège situé près de chez lui. C’est un jeune homme à l’allure nonchalante, en plus de son métier de pion, il s’occupe de la fermeture des classes. Un beau jour, il entend de la musique, il reconnaît cet air car cette une chanson que sa sœur écoutait en boucle, il y a quelques années, quand elle était en pleine dépression. En ouvrant la porte il aperçoit la jeune professeur de dessin, Myriam Lebrun, dans un moment d’intimité qu’il n’ose pas la déranger.
Et là quelque chose se passe, c’est le coup de foudre, Fred tombe amoureux de Myriam, il n’a pas encore conscience de ce qui va lui arriver, dans quel engrenage il vient de mettre les pieds car Myriam, quoique troublée par Fred, en aime un autre.
Il fera la connaissance de Thomas et malgré tout il continuera à espérer mais ce que Fred ignore c’est qu’elle est enceinte. Quand elle annonce cet heureux évènement, lors d’une soirée entre copains, c’est le choc, Fred s’effondre et décide de s’éloigner d’elle. Mais un drame les réunira et Fred fera tout pour aider Myriam et Thomas, il s’occupera d’eux avec une totale abnégation afin de leur éviter de sombrer, de partir à la dérive, il sera leur ombre.
Coup de coeur pour ce magnifique roman qui est une véritable succession de tableaux. On passe de l’un à l’autre, on vit dans leur tête, on ressent une telle empathie pour ces trois protagonistes que l’on a dû mal à les oublier une fois le livre refermé.
Citation en exergue :
« Et dans cent cinquante ans, on s’en souviendra pas,
De la vieillesse qui prend, de leurs signes de croix,
De l’enfant qui se meurt, des vallées du tiers-monde,
Du salaud de chasseur qui descend la colombe,
De ce que t’étais belle, et des rives arrachées,
Des années sans sommeil, cent millions d’affamés
Des portes qui se referment, de t’avoir vue pleurer
De la cour solennelle qui condamne sans ciller.
Alors souris. »
Raphaël, Et dans cent cinquante ans.
Quatrième de couverture :
« Un dimanche en province, lors d'un vide-grenier. Sur le stand 111, des objets changent de main. Et se mettent à raconter l'histoire de celui qui les vend, de ceux qui les prennent une histoire qui nous ressemble. »
C’est une émouvante et triste histoire. Celle de Antoine un quadragénaire qui vient de divorcer et qui doit faire ses cartons, rassembler ses affaires, c’est l’heure de la séparation. Il décide alors de faire un vide grenier. Mais les affaires qu’il a sélectionnées, en pensant ne pas y être attaché, ont une histoire et ce sont ces souvenirs qui reviennent le hanter.
Puis il y a l’éloignement avec ses enfants et la difficulté qu’il a à communiquer avec eux à cause de ses absences trop souvent répétées. Il est malheureux et pour exprimer les sentiments qu’il ressent pour sa fille, il aimerait lui confier ce qu’il a de plus précieux, ce dont il ne pensait jamais pouvoir se séparer ; son stylo plume, le compagnon de ses mémoires.
Ce roman représente bien l’attachement que l’on pourrait ressentir pour certains objets qui ont fait partie de notre vie pendant un laps de temps. Et maintenant quand je traverse les allées d’un vide grenier, je me demande si ces hommes et ces femmes pensent la même chose quand ils se retrouvent seuls face à leurs souvenirs qu’ils ont étalés à la vue de tout le monde afin de les envoyer vers une autre destination pour une autre histoire.
Citation :
« Méfie-toi des souvenirs comme d’une montre arrêtée. » Georges SCHÉHADÉ (1907-1989) Monsieur Bob'le (Gallimard).
Quatrième de couverture :
« Parce que chaque souvenir est une chanson, un homme se met à nu et raconte ce qu’il a dans le cœur depuis qu’il est tout petit…
Juke-Box chante la vie, l’amour, l’amitié, les petits riens du quotidien, les drames parfois, et les renaissances. Quarante ans de la vie d’un homme sentimental, quatre décennies de tubes : le lundi au soleil d’un enfant des années 1970. La bombe humaine de son adolescence, l’indicible cruauté de Just an Illusion mais aussi la douce de Belle ou la lumière de Danse s’y… Chaque chanson revient, telle une empreinte qu’on croyait oubliée, pour nous raconter l’histoire de l’homme, du père, du mari, de l’écrivain q’est devenu ce petit garçon fasciné par son premier vinyle. »
« Insérez une pièce » et la touche play dans notre tête s’enclenche, nous voilà lisant ce livre en fredonnant toutes les chansons qui s’inscrivent en début de chaque paragraphe où l’existence de cet homme est rythmée par les tubes de l’époque. C’est un roman où se mêlent la mélancolie et la gaieté qui font ressurgir nos propres souvenirs.
Citation :
« Tout finit par des chansons. » Pierre Augustin CARON de BEAUMARCHAIS (1732-1799)
Quatrième de couverture :
« Ce roman prend racine aux quatre coins des côtes françaises. De Capbreton dans les Landes, en 1972, à Arromanches – Calvados – en 2002, en passant par Hyères et Perros-Guirec. Rien ne relierait ces personnages s’ils n’avaient le goût des locations à la mer. Ils se sont croisés dans l’épice particulière des soirs d’été. Les couples, les familles, les célibataires qui nous ont précédés. Ceux d’avant.
Ainsi, le lecteur, avec Jean-Philippe Blondel, éprouve-t-il lui aussi le sentiment d’être à la suite de quelqu’un. Il reste une empreinte qui s’attarde. Ici, il y a eu des envies, et puis des bonheurs étrangers, tellement visibles qu’ils ressemblent aux nôtres. »
C’est un roman original, qui nous fait suivre, sur trente années, l’évolution de la vie chez ces locataires de bord de mer. Plusieurs familles prendront la parole, on assiste au changement du temps qui passe, des couples qui se font et se défont, des naissances… Les sentiments qu’ils éprouvent à chaque bouleversement d’orientation, l’espoir et le désespoir. C’est jamais le même narrateur, mais on ne peut pas se perdre dans leurs histoires, car à un moment donné leurs chemins se croisent.
Citation :
« Il faut avoir confiance dans les surprises de la vie. » Jean-Philippe Blondel - Accès direct à la plage
Publié par Florinette