21 novembre 2006
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Éditions Arléa, 2006, 163 pages.
Quatrième de couverture :
« Comment une banale histoire de téléphone portable confisqué peut-elle pousser un homme à vouloir briser une femme ?
Marianne Chevigny est bibliothécaire, David Martial professeur dans la même université. Le non-respect du règlement oblige Marianne à la sanction, ce que le jeune homme ne supporte pas. Se joue alors une étourdissante partition à deux, où chacun imagine la perte de l'autre. Mais que savent-ils de l'étrange secret qu'ils ont en commun ?
C’est avec une précision d’entomologiste que Sophie Avon décrit la montée de la violence entre deux êtres qui finiront par se reconnaître, mais d'une bien curieuse façon... »
J’avais bien aimé cet étrange ballet amoureux, ce jeu de scène où chacun imagine la perte de l’autre puisque rien ne peut les arrêter et le sentiment qu'ils éprouvent l'un pour l'autre va se muer en une haine féroce qui va transformer leur quotidien en enfer. Mais ce qui est le plus étonnant dans ce roman très étrange, au-delà d’être happé par l’histoire, c’est l’épilogue sanglant, voire sidérant, car rien dans ce récit nous prépare à une telle fin. Fantastiquement glauque !
L'avis de Tatiana, Clarabel & de Laure
Citation en exergue :
« Vous aviez compris tous les deux que le plus bel amour est celui qui est lent et qui s’étire, au point d’être si fin que la tristesse se voit à travers. »
Nancy LEE
Publié par Florinette
19 novembre 2006
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© Corbis Sygma
Éditions Actes Sud, 2006, 270 pages. Ce n’est pas une biographie du peintre Gustave Courbet qu’a écrit François Dupeyron, il s’est simplement servi de ce personnage, de son nom, de son talent de peintre pour mettre en œuvre son roman et c’est très réussi car j’ai eu souvent l’impression du contraire.
L’auteur nous plonge en 1877 dans les dernières années de la vie de Gustave Courbet, cet homme de cinquante-sept ans au physique excessivement gros, ivre d’alcool et de femmes, est usé, ruiné par une vie faite d’excès. Depuis quelques jours, il tourne en rond, d’un bar à l’autre pour étancher cette soif qui le tenaille et c’est dans un bordel qu’il se rend et où il croit voir Jo, son Irlandaise, la femme qui a marqué le plus son existence. Pourtant il voit bien que ce n’est pas elle, même si elle en a tous les traits, derrière cette formidable crinière rousse se cache Mona. Alors il n’a qu’une envie c’est de passé un moment avec elle, faire revivre Jo dans son regard, et se décharger du secret douloureux qu’il porte.
Dans cette nuit de confession, il lui raconte son engagement dans la Commune de Paris, son amour pour Jo (un amour si fort qu’il fallait rompre), l’ouverture de son musée, sa peinture, sa démesure, ses égarements… C’est tout le portrait de cet homme d’une forte personnalité, en perpétuelle recherche artistique que nous dresse François Dupeyron et c’est sous une plume lyrique, envoûtante que l’on découvre l’atmosphère des rues, les quartiers de Paris envahie par le peuple en colère. C’est un livre étonnant et fascinant. Gustave Courbet (1819-1877) Le portrait de Jo (Joanna Hiffernan) (1866)
Musée de Gustave Courbet
Citation :
« Je dirais que le roman est de l'ordre du rêve et le film de l'ordre du réel. » François DUPEYRON
Publié par Florinette
16 novembre 2006
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© Marthe Lemelle/P.O.L
Éditions P.O.L, 2006, 376 pages.
L’architecture de ce roman est une correspondance par email, entre une romancière et un jeune homme cinéaste qui, après l’avoir entendu lire à la radio quelques pages de son roman L’Homme de ma mort, la contact pour lui en proposer une adaptation cinématographique.
La narratrice qui décide de lui faire confiance explique son livre qui est en fait du vécu. Elle s’y est baptisé Hélène et l’homme qu’elle a rencontré Arnaud. Elle lui raconte leur coup de foudre, cet amour passionnel qu’ils vont partager mais qui va d’un seul coup, sans aune raison apparente, s’arrêter. Il décide de la quitter et ses sentiments se transforment en haine et mépris. Hélène est perdue, elle l’aime encore comme au premier jour et ne comprend pas comment tout ça a pu arriver, elle se sent enfermée dans un labyrinthe d’incompréhension.
Et c’est là qu’il faut suivre car en plus de raconter son histoire, elle lui décrit méthodiquement la mise en scène qu’il doit adopter (prise de vue, lieu, expression du visage…) en changeant (de nouveau) les noms des acteurs en référence au roman Adolphe de Benjamin Constant dont elle lui joint des citations, car tout tourne autour de ce livre, qui est aussi une histoire d’amour qui tourne court. Pour la narratrice, c’est le seul homme qui exprime au mieux l’incapacité à aimer, ce qu’elle a subi avec Arnaud.
Ce roman est défini comme une sorte de chantier mental avec son désordre ses rebuts et ses doutes et la même question qui revient souvent est : « Qui est coupable ? Est-ce toi, est-ce moi ? ou bien ni toi ni moi ? ».
Pour ne pas perdre le fil, il vaut mieux lire ce livre dans la journée car j’en ai eu parfois le tournis et failli l’abandonner. Pour ma part ce n’est pas vraiment le style de livre que j’aime.
L'avis de Laure & celui de Thom
Citation en exergue :
« Qu’est-ce qu’un homme pour une femme ?
Son ravage. » Jacques LACAN (1901-1981)
« Ce que vous dites est si juste que le contraire est parfaitement vrai. » Benjamin CONSTANT (1767-1830)
Publié par Florinette
14 novembre 2006
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Éditions Sabine Wespieser, 2006, 794 pages.
Traduit du vietnamien par Phan Huy Duong.
Grand Prix des lectrices de Elle.
C’est en revenant d’une journée en forêt, située en plein cœur du Vietnam, que Miên, jeune femme du Hameau de la Montagne, ressent au fond d’elle un étrange mauvais pressentiment l’envahir. Elle pense d’instinct à son petit garçon Hanh et à son mari Hoan et se rassure en continuant sa route. Dès qu’elle s’approche de chez elle, à la seule vue de l’attroupement d’hommes et de femmes, elle comprend très vite qu’un malheur vient de s’abattre sur son foyer.
Il s’agit de Bôn son premier mari, qu’elle ne reconnaît pas tout de suite, puisqu’il avait été déclaré mort, il y a plusieurs années, lors de la guerre contre les Américains. Et pourtant c’est bien lui qui lui parle, qu’il l’appelle comme un fantôme venu hanter son esprit. Elle n’arrive pas à le croire, ne veut pas revenir avec cet homme du passé devenu un étranger. Cela fait près de dix ans qu’elle est remariée, en toute légitimité, avec Hanh, un riche propriétaire terrien, beau et tendre, qu’elle aime passionnément et qu’il l’aime, avec qui elle a eu un fils et mène une existence heureuse.
Miên doit prendre une décision, celle qui conviendra le mieux aux yeux de la communauté soumise à la tradition, au code d’honneur face à ce martyr qui a sacrifié sa jeunesse à la nation dans une guerre sans précédent. Car de tout temps les femmes qui osaient s’opposer aux masses devaient quitter le village pour vivre d’expédients ou se prostituer dans les villes. Même après être parties, quand elles reviennent, elles subissent des pressions impitoyables que le temps n’adoucit jamais. C’est donc à contrecœur que Miên décide de repartir vivre avec Bôn, laissant sa somptueuse demeure pour un bouge misérable délabré qu’elle doit partager avec son ancienne belle-sœur Tà, à l’allure écoeurante et vulgaire.
Hoan depuis le départ de sa bien aimée tente de survivre. Bôn, anéantit moralement et physiquement par la guerre, fait tout pour re-séduire sa femme en arrangeant au mieux sa masure et en essayant d’y travailler la terre, mais sa seule obsession, c’est d’avoir un fils, fonder une famille. Il oblige Miên, nuit après nuit, à s’offrir à lui malgré une humiliante impuissance. Miên vit un véritable calvaire et elle reste prostrée, froide et silencieuse, car son esprit est ailleurs, elle ne cesse de penser à Hoan.
Dans ce tragique triangle amoureux, la romancière nous entraîne dans l’après-guerre du Vietnam aux principes moraux et politiques détruisant ces trois personnages déchirés par l’amour et les démons du passé.
C’est un sublime roman à l’écriture poétique mêlant la sensualité et la cruauté dans de somptueuses descriptions remplies de couleurs et d’odeurs. Le lecteur ne peut qu’en sortir ébloui, chaviré.
Citation :
«Si je veux cracher sur le pouvoir, je n'ai pas le droit de craindre». Duong Thu Huong.
Publié par Florinette
9 novembre 2006
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Éditions Gaïa, octobre 2006, 202 pages.
Grand Prix de l'association des lauréats Zellidja en juin 2003.
Bref été au Spitzberg est un magnifique carnet de voyage orné de croquis, de photos (voir ci-dessous) où Aurélie raconte son escapade pour se rendre dans le Grand Nord, dans l’archipel du Svalbard.
C’est grâce à la Fondation Zellidja (qui aide financièrement les jeunes gens à partir à condition qu’ils le fassent seuls et qu’à leur retour ils présentent un rapport d’étude sur le voyage) qu’Aurélie endosse son sac à dos pour sept semaines (voyage compris) de découverte au nord-est de la Groenland.
C’est en bus qu’elle décide de quitter Paris, le 11 juillet 2002, pour mieux sentir son cheminement vers le nord. Le stop devient son deuxième moyen de locomotion pour traverser la Norvège, dépliant sa tente dans les campings ou en pleine nature. Après 26 heures de bus, 45 heures de voiture et pour finir l’avion, la voilà arrivée à bon port face à l’immensité arctique, les yeux écarquillés sur les lumières chatoyantes qui se dessinent autour d’elle. Aurélie est prête à faire son plein de connaissance, à étudier la vie de ces Norvégiens venus se retirer à Longyearbyen, et à affronter sa peur sur le territoire Russe où la désolation l’émeut.
Mais elle se rend vite compte que Longyearbyen n’est pas une destination de rêve et que l’ennuie fait partie du quotidien.
C’est un récit passionnant, instructif, plein de charme et de sincérité que nous offre Aurélie Corbineau avec la faveur des éditons Gaïa qui ont été séduites par ce carnet de voyage reçu par la poste et qui l’ont publié pour notre plus grand plaisir !
L'avis de Cuné Aurélie Corbineau a plusieurs cordes à son arc, en plus du fait qu'elle sait merveilleusement dessiner, elle est fresquiste-mozaïste et a réalisé une fresque pour Matignon. Si cela vous dit, vous pouvez la contempler en visitant son site. (Voir biographie)
Publié par Florinette