3 janvier 2007
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Éditions Les Petits Matin, 2006, 355 pages. Présentation par l'auteur : Un adolescent de dix-sept ans quitte le Chili de Pinochet pour recommencer une nouvelle vie à Paris. Seul, sans ressources, perdu dans une ville dont il ne maîtrise pas la langue, il est amené par les circonstances à fréquenter un restaurant chilien, où il retrouvera Laura, la femme d'un dirigeant d'extrême gauche, qu'il a rencontrée six ans plus tôt, lorsque, persécutés par la police politique, elle et son mari ont trouvé refuge chez ses parents. Une relation se noue entre ces deux personnages que tout oppose : l'âge, la situation familiale et surtout le rapport au présent. Elle, repliée sur son passé dans un pays qu'elle n'a pas choisi ; lui, tourné vers l'avenir et pressé de tirer un trait sur son passé. Mais le passé fait retour par un biais insoupçonné. Si bien que, par un ultime retournement, c'est le jeune homme qui deviendra, le dépositaire d'une mémoire collective que chacun préfère enterrer : depuis l'époque des utopies et l'engagement militant jusqu'au le coup d'état et la répression militaire, depuis l'effondrement des idéaux révolutionnaires jusqu'à la plongée vertigineuse dans le capitalisme sauvage.
Ce roman, écrit directement en français, comme si l'espagnol n'était pas encore prêt à recevoir une telle charge, nous raconte cette histoire privée.
C'est un livre qui m'a été conseillé et que je ne regrette pas d'avoir lu. Ce premier roman de Bernardo Toro nous est livré dans une prose forte et poétique, c'est un roman poignant de réalisme sur ces exilés qui ont dû fuir leur pays pour échapper au coup d'état de 1973 mené par Pinochet. Il explique l'errance de ces réfugiés qui portent leur pays comme une blessure.
Dans ce roman, l'auteur confronte deux personnages de génération différente qui vivent l'exil chacun à leur façon, l'un (l'adolescent) l'ayant choisi, l'autre (Laura) par obligation. Ils vivent leur intégration à contretemps.
Extrait :
« Ces gens-là. Laura, les autres. C'était le cas pour la plupart des exilés. Les échappées hors des frontières étaient discrètes, dès le seuil de la porte ils adoptaient un masque que leur accent leur ôtait. Beaucoup bornaient leur vie française à quelques gestes essentiels : le transport, les courses, les démarches de rigueur, quelques mots murmurés dans la cage d'escalier. "Bonjour !" "Bonsoir !" "Encore de la pluie !" Si, par enthousiasme ou lassitude, on dépassait le protocole, si par inconscience on s'aventurait au-delà, il fallait s'attendre à tout, ou à rien, surtout à rien. On rasait les murs pour ne pas prendre trop de place, on terminait écrasé par l'indifférence générale. »
Le blog de Bernardo Toro
Publié par Florinette
1 janvier 2007
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Éditions du Seuil, coll. Points hors série,
2001, 140 pages.
Dans cette parution se trouvent deux nouvelles intitulées Coïncidences et Rigor Mortis. Cette dernière est parue pour la première fois dans le journal « Le Monde » en août 1997.
Coïncidences met en scène le personnage d’Antoine qui se morfond près d’un téléphone silencieux. Cela fait bientôt deux heures qu’il attend Julia pour aller dîner, ni tenant plus, il appelle chez des amis de sa femme mais hélas sans succès, jusqu’à ce que la sonnerie tant attendu le fait sursauter. Ce n’est pas la voix de Julia, mais celle d’un homme qui lui apprend être en compagnie de sa femme et que, s’il souhaite la revoir vivante, il doit suivre ces instructions : se munir de son arme, prendre un train pour Paris-Montparnasse, aller à la brasserie alsacienne et tirer sur son vice-président…Antoine a des soupçons, cet inconnu à l’air de le connaître parfaitement et surtout pourquoi doit-il tuer son patron ?!!, ne s’agirait-il pas d’une machination, d’un coup monté…
Dans Rigor Mortis ce sont des jeunes filles de nationalité étrangère, venues étudier à Paris, qui disparaissent. La police est sur le qui-vive et travaille en étroite collaboration avec la presse. Au bureau de la rédaction c’est l’affolement depuis qu’Andréa a reçu l’appel du tueur schizophrène, et en prime, une photo de ses exploits. Il joue avec leurs cadavres, les aime, se serre contre eux, leur parle, vie avec, et dès qu’ils sentent trop mauvais les enterre sous son parquet. Ce ravisseur très discret qui nargue la Police semble être au courant de tous leurs agissements. Mais qui peut-il bien être pour être si prêt d’eux et en même temps invisible ?…
J’ai refermé ce livre dans un état de stupeur, je ne connaissais pas le style de cette écrivaine, elle sait manipuler et entraîner à merveille le lecteur sur des fausses pistes avec plus d’un rebondissement qui l’attend au tournant et qui le plonge dans une vision cauchemardesque à lui en donner des frissons. Cette petite lecture m’a donné envie de continuer à explorer l’univers de Brigitte Aubert.
Citation :
« Si toutes les choses que vous n'avez jamais vues n'existaient pas, le monde serait bien petit. » Brigitte AUBERT - Eloge de la phobie.
Le site officiel de Brigitte Aubert
Publié par Florinette
30 décembre 2006
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Publié par Florinette
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Éditions Belfond, 2005, 325 pages.
Traduit de l’anglais (Canada) par Bernard Cohen
Quatrième de couverture :
« Israël, 1977. Lily a vingt ans. Elle est étudiante à Jérusalem. Un matin, alors qu'elle fait de l'auto-stop pour rejoindre Tel-Aviv, un automobiliste s'arrête.
Il s'appelle Ami. Lily vient de rencontrer l'homme de sa vie. Pourtant, lorsqu'elle apprend qu'il est interrogateur pour l'armée israélienne, Lily, l'enfant des kibboutz, est révulsée. Puis elle comprend que la finesse, l'humanité et la perspicacité qui rendent Ami si irrésistible sont les qualités qui font de lui le meilleur interrogateur de Tsahal. Déchiré entre sa loyauté patriotique et ses sympathies palestiniennes, Ami s'indigne de la brutalité de l'armée et de l'occupation des Territoires, et décide de démissionner. Hélas ! le destin ne va pas tarder à le rappeler à l'ordre...»
C’est un roman que m’a fait découvrir Clarabel, il y a un petit moment et que j’ai trouvé passionnant. Les personnages principaux sont très attachants et Lily, la narratrice, se confie en écrivant ce qu’elle a vécu dans les années 1977 lorsqu’elle était étudiante à l’université de Jésrusalem. Elle mêle à son récit ses réflexions linguistiques sur l’étymologie de la langue hébraïque, à travers ces mots c’est toute sa passion et sa tendresse qu’elle dévoile pour ce pays en y évoquant une très belle histoire d’amour sur fond de conflit israélo-palestinien.
Ce premier roman lyrique et douloureusement contemporain d’Edeet Ravel révèle un auteur très prometteur. Son deuxième roman « Un mur de
lumière » est paru en septembre 2006 aux Éditions Belfond.
Extrait :
« L’ennemi sera toujours là, quoi qu’il arrive. Il faut apprendre à vivre avec ; Si « l’ennemi » avait un nom, vous sauriez pourquoi il vous est particulièrement hostile, et s’il est possible ou non de le convaincre d’entretenir des relations de bon voisinage. Mais
« l’ennemi », en soi, est votre ennemi sans rime ni raison. C’est juste de la malchance. »
Le site officiel d'Edeet Ravel
Publié par Florinette
27 décembre 2006
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Éditions Pocket, 2002, 253 pages.
Traduit de l’américain par Annie Saumont.
Ce roman culte, écrit à la première personne, relate les quelques jours de fugue d’un jeune adolescent de la bourgeoisie new-yorkaise renvoyé de son collège trois jours avant Noël.
Holden est bien décidé à ne pas rentrer chez lui, la peur d’affronter ses parents pour leur annoncer qu’il vient encore d’être chassé d’un collège le terrifie. Il préfère errer dans les rues de New-York fréquentant des bars obscurs et hôtels miteux. Fauché, il se retrouve face à lui-même contraint d’affronter ses cauchemars et ses angoisses. Il se sent seul et est constamment à la recherche d’un peu de soutien et de compagnie. Il ne sait plus quoi faire de sa vie ni de lui-même et rêve d’une liberté loin de la société qu'il méprise. Même le contact des gens et ses quelques connaissances qu’il côtoie le perturbent jusqu’à en être dégoûté par leur comportement. Tout l’insupporte.
C’est un gosse perdu qui cherche des raisons de vivre et qui ne comprend rien au monde hostile et corrompu des adultes et se laisse engloutir dans les tréfonds de la dépression. Il se raccroche au souvenir de son jeune frère décédé trop tôt et de sa petite sœur qui va finalement l’aider. Le personnage d’Holden est attachant et railleur, et on le suit sans but précis dans ces aventures cocasses, sordides et émouvantes. L’histoire est bien écrite dans un style parlé qui est amusant à lire.
L'avis d'Allie et de virginie
Publié par Florinette