26 octobre 2007
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Éditions Gallimard, 611 pages
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laetitia Devaux.
« Papa disait toujours qu’il faut une sublime excuse pour écrire l’histoire de sa vie avec l’espoir d’être lu. »
Et pourtant, maintenant qu’elle s’apprête à intégrer Harvard, Bleue Van Meer, cette adolescente surdouée à la culture époustouflante qui doit son prénom au Cassius Bleu un papillon collectionné par sa mère, décide de prendre la plume pour raconter son histoire.
Elle avait cinq ans à la mort de sa mère tuée dans un accident de voiture. Depuis dix ans, elle suit son père, un séduisant et brillant conférencier excentrique qui traverse tout le pays pour aller enseigner dans les universités.
La vie de Bleue est remplie de routes, de marathons de sonnets, de citations de morts célèbres qu’elle s’amuse à lancer pour contrer son père souvent d’humeur bourbon. Leurs pérégrinations les mènent à l’université St Gallway en Caroline du Nord où Bleue fait la connaissance d’un groupe d’élève surnommé « Le Sang Bleu » qui tourne autour de la ravissante Hannah Schneider, une enseignante aux allures mystérieuses et envoûtantes. Mais un jour, alors que Hannah est sur le point de lui révéler son secret, Bleue découvre son cadavre pendu à un arbre.
Ce roman en trois parties, contenant trente-six chapitres portant chacun pour titre une œuvre littéraire, est captivant et en même temps déroutant. Au début, j’ai eu dû mal à rester concentrée à cause des nombreuses digressions faisant, à chaque pensée ou événement, référence aux citations d’auteurs ou renvoi à certains croquis qui apparaissent au fil des pages. Ce n’est qu’en franchissant la troisième partie (soit pratiquement à la moitié du livre) que l’action commence à se faire ressentir. L’auteur met de côté ces métaphores pour se livrer à de folles et judicieuses spéculations où l’intrigue bat son plein jusqu’à une fin des plus surprenantes qu’inattendues !
Pour ce premier roman original et très prometteur, Marisha Pessl, qui vient de fêter ses trente ans, est un auteur remarquable doué d’une faconde intarissable qui va jusqu’à proposer, en guise d’épilogue, un contrôle final pour voir si vous avez bien tout suivi !!
Petites précisons supplémentaires :
* La Physique des catastrophes a fait partie de la première sélection pour le Prix Femina étranger 2007.
* La Physique des catastrophes fait partie de la seconde sélection du Prix Médicis étranger 2007.
D'autres avis sur ce livre : Clochette (son coup de coeur), Ptitlapin (qui a beaucoup aimé) & Cathulu (qui a abandonné à la page 350 et je peux la comprendre, car c'est là où je me suis posé la question !)
Publié par Florinette
24 octobre 2007
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Éditions J’ai Lu, 2000, 145 pages.
Quatrième de couverture :
« Ne te laisse pas voler la force d'aimer. Dans ce roman, l'amour apparaît comme la puissance sans visage qui gouverne la Création. Il attise le désir, magnifie l'émotion, embrase le langage. La femme qui s'y jette tout entière signe de son sang un pacte redoutable : elle se lie avec la Terre dont elle épouse les cycles de naissance, de fécondité et de mort - parce qu'elle est aimée. Mais que l'amour s'absente et voici la Terre désertée, " astre glacé ", inhabitable. Le temps ne passe plus, et la parole à son tour se défait, enchaînée à un âge d'or désormais inaccessible, mais dont les traces subsistent dans la mémoire des sens. Ecrit dans une langue admirable, zébrée de mots crus, Mortel azur est le chant d'un amour défunt, d'un amour sans fin... »
Après avoir été enchantée par Le petit prince cannibale et Consigne des minutes heureuses, j’ai eu envie de continuer avec cet auteur, mais voilà, même si l’écriture reste très belle, j’ai été déçue par ce lire qui n’est qu’un cri de douleur d’une femme trahit par l’être aimé. Son esprit erre sans cesse dans les abîmes de la détresse qui ne se représente les hommes qu’à l’image de Barbe bleue.
Françoise Lefèvre jette sa souffrance sur ces pages comme pour se soulager, mais elle remplit le lecteur de ses mots lourds de désarroi et de souffrance. Une fois le livre refermé, je n’ai eu qu’une envie, c’est de lire quelque chose de drôle pour me sentir plus légère. Dépressif s’abstenir !
Publié par Florinette
23 octobre 2007
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Éditions La boîte à bulles, 2003, 167 pages.
Sélection "Meilleur premier album" Angoulème 2005.
Prix Darnétal 2004
L’immeuble d’en face est le genre d’immeuble où à chaque étage s’ouvre une histoire différente avec (pour reprendre les propos de Frédéric Boilet), « de vrais gens, de vrais sachets de thé dans l’eau bouillante, de vrais bisous aux dentifrices ».
On assiste, émerveillé, à des courtes scènes de la vie de tous les jours, des personnages
qui se croisent dans les couloirs, des relations qui se nouent à chaque étage.
Au premier réside Rémy et sa maman célibataire qui attend un heureux événement, au second, se trouve un couple d’une quarantaine d’années, sans enfant, uni par le seul lien qui leur reste : un gros dogue allemand, et au troisième étage, il y a Claire et Louis, deux jeunes étudiants amoureux qui enchaînent les soirées entre copains.
Dans ces deux albums, dotés d'une influence manga, Vanyda brosse avec beaucoup de finesses des vies qui s’emmêlent et se démêlent. Tout semble si réaliste que l’on a l’impression de regarder à travers le trou de la serrure pour épier la vie privée de ces personnages si attachants que l’on ne veut pas en perdre une miette. On en redemande même !
Petite précision supplémentaire : En 2006 The Building Opposite (la version anglaise de L'Immeuble d'en face) a été élu meilleur manga 2006 par le « Publishers
Weekly » (États-Unis) !
Voir le site officiel de Vanyda
Pour le tome 1 voir l'avis de Clarabel, Laure, Sylvie, Solenn, Emjy & Gachucha
Pour le tome 2 voir l'avis de Laure, Gachucha, Laurent & Lo
Publié par Florinette
21 octobre 2007
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Éditions Actes Sud, 2003, 550 pages.
Traduit de l’espagnol par Marianne Millon
2006, l’art a changé, il est devenu l’art hyperdramatique. Dans ce futur dangereusement proche, les tableaux représentant des nus ne font plus recette au sein du marché pictural. Maintenant ce sont des toiles humaines, éthiques et esthétiques composées d’hommes et de femmes, peintes par des artistes qui sont proposées pour être exhibées dans les galeries d’art ou chez les collectionneurs.
Le Dieu de cet art hyperdramatique, que tout le monde s’arrache, est Bruno Van Tysch. Sa fondation est la plus grosse galerie qui expose et exporte dans le monde entier à coup de million de dollars.
Clara Reyes est modèle et elle est prête à tous les sacrifices pour que son rêve se concrétise enfin : être peinte par le grand maître Van Tysch. Tandis que son vœu le plus cher se réalise, une jeune toile appartenant à la fondation vient d’être dérobée puis retrouvée torturée et assassinée par un mystérieux meurtrier qui officie selon des rites sacrificiels étranges.
Une enquête est alors ouverte, la fondation Van Tysch est en émoi, la destruction d’une des toiles les plus célèbres et les plus chères du monde vient d’être saccagée, mais pour la police c’est avant tout le meurtre d’une adolescente de quatorze ans qui vient de se produire.
Sous une plume magistrale, ce long et dense thriller haletant m’a fait frémir. Plongée dans l’histoire, je me demandais si toute cette perversité pouvait exister, l’univers de la peinture est tellement bien décrit que la fiction devient crédible, heureusement qu’en fin de roman l’auteur explique d’où vient cette imagination ébouriffante…
Au-delà d’une trame criminelle admirablement bien maîtrisée, Somoza va plus loin, il explore la psychologie humaine avec une acuité rare dans un monde où tout n’est que voyeurisme et profit où aucune abjection ne semble impossible. Les dérives d’un monde qui, finalement, n’est pas si éloigné du nôtre. Fascinant !
Même la citation en exergue s’inscrit en guise d'avertissement :
“Le beau n’est que le commencement du terrible”. Rainer Maria Rilke
Existe en format poche
Voir aussi l'avis de Flo, Sylvie, Thom & Laurence
Publié par Florinette
19 octobre 2007
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Édition Sabine Wespieser, 2007, 378 pages.
Traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran.
Après le magnifique roman Terre des oublis qui a reçu récemment le grand prix des lectrices de « Elle », Duong Thu Huong nous offre ici son deuxième roman, paru en 1985 au Viêtnam, mêlant fiction et une partie de son itinéraire d’enfance en commençant par appeler la narratrice Bê qui est en fait son véritable prénom.
À la fin des années cinquante, Bê alors âgée de douze ans, habite avec sa mère dans le petit bourg de Rê au Viêtnam. Son père, officier dans l’armée, est cantonné loin au nord dans une garnison frontalière, et ne revient en permission qu’une fois tous les trois ans.
Un jour, cette petite fille au caractère bien trempé assiste à un événement qui va bouleverser sa belle et tranquille existence écolière ; une de ses camarades est victime d’un abus de la part de Gia, le nouveau professeur de gymnastique. Ne pouvant fermer les yeux sur ce qu’elle a vu, Bê dénonce l’attitude infâme de cet homme. Mais ce qu’elle va vite comprendre, c’est qu’un élève qui s’oppose à son maître commet une faute impardonnable et Bê se voit brutalement exclue de l’école.
Ne trouvant aucun soutien aux yeux de sa mère, révoltée, elle s’enfuit avec Loan sa meilleure amie pour rejoindre l’homme qu’elle adore le plus au monde : son père. Sans un sou en poche et livrées à elles-mêmes, ces deux adolescentes vont entreprendre le premier long périple de leur vie où défilent des paysages de montagne et de rizières, vivre des aventures palpitantes et cocasses, faire divers petits boulots pour subsister et rencontrer des personnages aussi émouvants qu’étonnants.
Au fil de l’histoire, on s’attache à ces deux gamines inséparables, à l’esprit primesautier et espiègle de Bê que rien n’arrête, pas même un sorcier charlatan à qui elle jouera un drôle de tour. Ce roman, qui a la saveur d’un conte, prend racine dans une histoire vraie qui le rend d’autant plus formidable et émouvant. Un éloge de liberté et de rébellion qui s’adresse aussi bien aux adultes qu’aux adolescents !
Voir également le coup de coeur de Delphine
Publié par Florinette