5 décembre 2007
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Biographie :
Écrivaine franco-suisse, Pascale Kramer est née en 1961 à Genève. Après des études de lettres à l'Université de Lausanne, elle travaille comme journaliste. Elle s'oriente vers la publicité et devient conceptrice-rédactrice dans une société publicitaire de Zurich. Elle part ensuite s'installer à Paris, où elle crée et dirige sa propre agence de publicité, tout en continuant à écrire des romans.
Elle a vingt ans lorsqu'elle publie son premier ouvrage, « Variations sur une même scène ». Elle poursuivra avec, notamment, « Terres fécondes », Manu (Prix Michel Dentan 1996), Bateau sec, Les Vivants, Retour d'Uruguay, L'Adieu au Nord & Fracas.
Bibliographie :
* 1995 - Manu, (Éditions Calmann-Lévy),
* 1997 - Le bateau sec, (Éditions Calmann-Lévy),
* 1999 - Onze ans plus tard, (Éditions Calmann-Lévy),
* 2000 - Les Vivants, (Éditions Calmann-Lévy),
* 2003 - Retour d'Uruguay, (Éditions Mercure de France), 2003
* 2005 - L'Adieu au Nord, (Éditions Mercure de France),
* 2007 - Fracas, (Éditions Mercure de France)
Publié par Florinette
3 décembre 2007
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(pas de photo)
Éditions du Masque, 2006, 479 pages.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Frank Reichert.
Dans le Bronx des années 50-70, vit Clarissa, une Italienne catholique et inculte qui est l’incarnation du malheur, une femme submergée, noyée dans la désespérance qui est mariée à Romain Leone, un petit dealer macho et violent qui la maltraite quand il ne la bat pas comme plâtre. Avec lui, elle a eu deux petites filles sourdes et maladives, Eve et Marie. Cette dernière meurt à deux ans, tandis que l’autre reste l’unique raison de survie pour sa mère, même si toutes les deux ne peuvent pas communiquer puisque Romain refuse qu’Eve apprenne le langage des signes.
Dans les moments les plus durs, Clarissa se réfugie dans la prière et c’est dans une église qu’elle fait la connaissance de Fran, une Allemande réfugiée aux États Unis après avoir été torturée par les nazis et qui va les prendre, elle et sa fille, sous sa protection.
Fran apprend en cachette à Eve le langage des signes et lui montre que, malgré sa surdité, elle peut appréhender le monde autrement, en le photographiant. Son appareil photo va devenir son ami privilégié, son plus proche compagnon, cette passerelle entre toutes les formes de silence et de séparation, sa mémoire.
Mais Romain ne les laisse pas tranquilles, il se sert de sa fille comme couverture pour ses petits trafics de drogue qui vont le condamner à purger une peine de prison, jusqu’au jour où, libéré de toute sanction, dans un accès de rage criminel il passe à l’acte.
Boston Terran signe ici un roman noir, dresse le tableau d’une Amérique qui plonge dans la violence. Explique comment le Bronx, le royaume de l’immigration, devient la lice des pires extrémismes, du racisme, de la drogue. Mais dans toute cette déchéance, il y a l’amour, la solidarité qui font battre le cœur de ces trois femmes qui m’ont bouleversée, émue aux larmes, même si le style est assez moyen (peut-être dû à la traduction), c’est un magnifique cri d’alarme, une fresque sociale qui dénonce une humanité qui se dégrade. À lire sans hésiter !
Le site de l'auteur
Publié par Florinette
1 décembre 2007
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Éditions Grasset, 233 pages 
Prix Laurent Bonelli— LIRE & Virgin Megastore
Clara Dupond-Monod aime le Moyen Âge et c’est avec beaucoup de justesse et d’empathie qu’elle ressuscite Juette, une jeune fille née en 1158 dans le petit village de Huy en Belgique.
À treize ans, la tête encore pleine d’histoire de vaillant chevalier et de princesse, Juette se sent complètement à côté de son époque, elle se définit elle-même comme une chrétienne qui n’a que des questions à la bouche, mais dont personne autour ne peut y répondre, pas même son ami et confident le jeune prêtre Hugues de Florette.
Physiquement, elle est très maigre et flotte dans les robes cousues par sa mère. Mais cela ne va pas empêcher son père, receveur d’impôt, un homme très vénal et qui consacre son temps à des tractations financières, de la marier de force à un homme bien plus âgé qu’elle. De là, commence son aversion pour les hommes, pour les douloureux et humiliants rapports conjugaux qui l’amènent par deux fois à d’horribles souffrances et d’écoeurement lors d’enfantements la poussant à se débarrasser de sa progéniture.
Cinq ans plus tard, à la mort de son mari, cette veuve audacieuse et frondeuse va mener une lutte contre cette société, où le destin des femmes est une décision d’hommes, contre l’emprise de l’église en osant refuser d’être une nouvelle fois étouffée par la contrainte.
Tandis que les premières clameurs des hérésies cathares se font entendre, Juette, qui dissimule au plus profond d’elle-même sa passion pour Hugues de Florette, part se réfugier dans une léproserie pour se vouer aux exclus.
Grâce à un texte écrit en latin médiéval par un religieux dénommé Hugues de Florette et retrouvé intact par l’historien Georges Duby, Clara Dupond-Monod a pu retranscrire dans une écriture simple et pure la vie de cette femme exemplaire et déterminée qui n’hésite pas à se révolter contre la puissance cléricale. C’est un magnifique et passionnant roman à deux voix sur l’intransigeance et l’exigence qui nous démontrent les limites entre la foi et le fanatisme.
Retrouvez l'interview de Clara Dupont-Monod qui vous explique sa passion pour Juette : ICI
D'autres avis enthousiasmes pour ce roman : Clarabel [merci ! ;-)], Lily, Chiffonnette, Malice, Gambadou & Bernard,
sauf Mireille qui a été moins emballée
Publié par Florinette
30 novembre 2007
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« Je déteste les livres où les gens meurent. – C’est parce que tu ne les ouvres pas à la bonne page, ce qu’il y a dans les histoires, c’est qu’on peut toujours revenir en arrière. C’est l’avantage qu’ont les livres sur la vie réelle. Dans la vie réelle, quand un drame arrive, on se dit : Comme j’aimerais retourner dans le passé, profiter du bonheur d’avant ! La lecture nous donne cette possibilité : il suffit de reprendre les chapitres précédents, et on revit les moments que l’on aime chaque fois qu’on le désire. »
« Les grands thèmes de la littérature, comme la mort justement, sont communs à beaucoup d’auteurs, mais chacun les aborde sous un angle différent. Cela donne au lecteur l’envie de passer de livre en livre, quand le sujet l’intéresse. »
Extraits tirés du livre La bibliothécaire de Gudule
Publié par Florinette
29 novembre 2007
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Éditions du Rouergue, 2007, 93 pages.
À partir de 12 ans.
La narratrice a dix ans, elle habite avec ses parents et sa sœur dans un petit village où tout ce qui s’y passe se dit à haute voix sauf ce qu’il se trame derrière les hauts murs dans la grande maison de Maurice Lepoivre, le maître de ses parents, qui leur enseigne à travailler sur eux, à rester éveillés pour ne pas ressembler aux villageois.
Devenir différent que ces gens ordinaires, c’est une chance que leur offre Maurice Lepoivre, à condition de se murer dans le silence, de ne pas poser de questions, de ne rien dire aux autres, aux proches, car ils ne comprendraient pas.
Ne rien révéler, ni même le passage secret pour accéder à cette grande demeure où les jouets, les rires sont bannis, car trop ordinaire, où Maurice Lepoivre s’octroie le droit de rester en tête à tête avec des jeunes filles sur qui il porte une attention particulière, une attitude étrange aux yeux de cette gamine qui ne comprend pas, mais qui comprendra plus tard comme lui répète sa maman avec sa voix de fantôme. À force de trop réfléchir, de trop penser, elle ne sait plus, tout se mélange dans sa tête.
« Je ne sais pas si je suis d’accord quand elle dit qu’on a beaucoup de chance. Je trouve que j’ai peut-être trop de chance, je voudrais voir comment ça fait quand on en a moins. Oui, je voudrais changer avec quelqu’un qui a moins de chance que moi, pour voir. Vivre la vie ordinaire des gens ordinaires, tant pis. »
Ce petit livre est oppressant tout comme la vie de cette gamine dont le prénom n’est jamais révélé.
Sur un ton innocent, elle décrit sa vie d’enfant avec sa sœur, ses parents si souvent absents vouant une dévotion totale à leur maître.
Au début, sans vraiment savoir, elle glorifie cet abominable Maurice Lepoivre en se disant : « j’ai trop de chance » répétée comme un leitmotiv pour s’en convaincre, puis déchante à chaque fois que ses rêves d’enfants, ses amusements lui sont refusés. Et quand sa capacité à voir et à ressentir se développe au sein de cette secte, cela devient l’horreur, un appel au secours. Mais sera-t-il vraiment entendu ?
Ce court roman dense, bouleversant et réaliste, inspiré de l’histoire personnelle de l’auteur, est à conseiller aussi bien aux jeunes qu’aux adultes !
L'avis de Lily (que je remercie pour cette poignante découverte) et celui de Clarabel.
Publié par Florinette