Carl Gustav Jung a décrit cet incroyable "rêve" dans son autobiographie qui l'a beaucoup marqué...
Une nuit, je ne dormais pas et pensais à la mort subite d’un ami que l’on avait enterré le jour précédent. Sa disparition me préoccupait profondément.
Brusquement, j’eus le sentiment qu’il était dans ma chambre. J’avais l’impression qu’il se tenait au pied de mon lit et me demandait de venir avec lui. Je ne pensais pas qu’il s’agissait d’une apparition ; au contraire, j’avais de lui une image visuelle intérieure que je pris pour une imagination. Mais en toute honnêteté, il me fallut me demander :
« Quelle preuve ai-je qu’il s’agit d’une imagination ? Et si ce n’en était pas une ? Si mon ami était réellement présent et que je le prenne pour une figure imaginaire, ne serait-ce pas une inconvenance de ma part ? »
Cependant, j’avais tout aussi peu de preuves pour le croire debout devant moi comme une apparition, c’est-à-dire “réel”. Alors je me dis :
« Preuve ou non, au lieu de déclarer qu’il ne s’agit que d’une imagination, je puis, avec autant de justification, l’accepter comme une apparition et, au bénéfice du doute, lui accorder réalité, au moins “pour voir” ! »
À l’instant même où je pensais cela, il se dirigea vers la porte et me fit signe de le suivre. En somme, il fallait que je joue le jeu avec lui.
Cela, certes, n’était pas prévu. Je dus par conséquent me fortifier dans mon argumentation. Alors seulement je le suivis en imagination.
Il me conduisit hors de la maison, dans le jardin, dans la rue et finalement dans sa propre maison. (En réalité quelques centaines de mètres la séparaient de la mienne.)
J’entrai, il me fit pénétrer dans son bureau. Il monta sur un tabouret et m’indiqua le second volume d’une série de cinq, reliés en rouge ; ils se trouvaient tout en haut sur la seconde étagère.
Alors, la vision s’évanouit...
Je ne connaissais pas sa bibliothèque et j’ignorais quels livres il possédait. D’autre part, je n’aurais pu, d’en bas, lire les titres des volumes qu’il avait indiqués puisqu’ils se trouvaient sur la seconde étagère d’en haut.
Cet évènement me parut si étrange que le matin suivant, je me rendis chez la veuve de mon ami et lui demandai de m’autoriser à pénétrer dans la bibliothèque du défunt pour une vérification.
De fait, il y avait au-dessous de l’étagère vue dans mon imagination un tabouret et, de loin déjà, j’aperçus les cinq volumes reliés en rouge. Je montai sur le tabouret pour en lire les titres. C’étaient des traductions des romans de Zola.
Le titre du deuxième volume était : Le Voeu d’une Morte…
Si le contenu parut à Carl Gustav Jung dépourvu d’intérêt, le titre était, par contre, très significatif...
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