Éditions Stock, 2007, 115 pages.
Bourse Goncourt du premier roman 2007.
C’est le récit d’un fils effondré par la mort de sa mère, une femme qu'il a très peu connue. Il aurait pourtant aimé la connaître davantage, mais Perla ne lui a jamais parlé de sa déportation. À travers l’écriture, il cherche à reconstituer les pièces d’un puzzle qu’elle n’a jamais voulu rassembler devant lui.
Perla est née à Olkusz, près de Cracovie, en Pologne. Elle émigra à Paris et se retrouva dans le quartier juif du Marais. Lorsqu’elle fut emmenée le 31 juillet 1944 par le dernier convoi à Oswiecim, elle ne fit que revenir dans son pays d’origine. Dans ce village renommé Auschwitz, la campagne de sa contrée natale, elle fut considérée comme une étrangère. « À peine arrivée, elle se présenta devant cet homme nommé Mengele. Ce médecin élégant décidait en un instant du destin de milliers de gens. Il lui suffisait de tendre sa main dans une direction. À droite, c’était le four crématoire, à gauche, le droit de vivre, l’espoir. »
Le destin a voulu qu’elle survive. Mais Perla en revint changée, elle ne trouvait pas les mots pour exprimer ce qui la tourmentait.
« Pourquoi chercher à comprendre l’incompréhensible ? Auschwitz n’est définissable ni en mots, ni en images, ni en sons. » Pétrie de crises d’angoisse, son agonie a continué pendant de nombreuses années. « Elle semblait souvent ailleurs, loin des siens, isolée dans un monde incompréhensible ». Murée dans le silence, elle finit par mourir, le visage enfin apaisé.
C’est un récit bouleversant, parsemé de photos qui révèlent les deux visages de l’Allemagne, un pays écartelé entre la barbarie et le raffinement, celles des camps d’Auschwitz et celles de l’Allemagne romantique avec des tableaux et portraits de peintres et poètes.
Frédéric Brun parle de sa mère avec douceur et sincérité. C’est un bel hommage qu’il lui rend. Toutes les choses qu’il n’a pas su lui dire il les exprime dans ce petit livre
« J’ai l’impression que l’âme de ma mère est en moi et que, si je commence ce livre, c’est par peur qu’elle ne s’en aille définitivement ». L’écriture sauve les souvenirs de l’oubli et aide à mieux comprendre un passé douloureux, c’est une manière de rester un peu plus longtemps avec les gens qu’on aime. Comme le dit Clarabel c'est un livre à lire sans hésiter !
Extrait :
« Pour jouir infiniment de la vie, il faut, à chaque instant ne pas oublier la présence de la personne aimée. Lorsque l’on est imprégné de cette idée, on est prêt à affronter l’existence pour vivre l’amour dans la vie, découvrir l’amour dans la mort… »
Citation :
« La mort est à la fois fin et commencement, séparation et rapport intime en soi. » NOVALIS - Poète romantique allemand - (1772-1801)