Éditions Stock, 2006, 183 pages.
« Un beau matin, ou plutôt, un sale matin, oui, oui, un vraiment sale matin, quand les hommes ouvrirent l’œil, ils se rendirent compte qu’il se passait quelque chose de bizarre. Pas de bruits. Pas de rires. Pas de gazouillis. Rien du tout : les enfants avaient disparus !.. » Dans les premières phrases de ce beau recueil et dans les histoires qui suivent, Philippe Claudel nous montre bien qu’un monde sans enfants deviendrait d’une tristesse épouvantable, les villes ressembleraient à de grands territoires morts. Heureusement qu’il n’en est rien et pour bien comprendre leurs angoisses et leurs espoirs il leur donne la parole sur des sujets graves et tabous en s’adressant tout particulièrement aux grands qui ont oublié qu’un jour, ils ont été enfant.
Dans ces vingt textes courts plein de poésies, de tendresses, de drôleries et de réflexions sur notre monde, se trouvent Coraline qui ne croit plus au pouvoir d’une fée, Zazie qui invente un vaccin pour changer les méchants en agneaux, Lucas qui disparaît dans les pages d’un livre pour échapper à une famille qui le maltraite, ou encore, les déclarations poignantes de Wahid qui explique que pas très loin de chez nous, tout à côté, il y a la guerre, comme dans les films sauf que chez lui à Bagdad ce n’est pas un film et qu’il y a des morts et pas des morts qui se relèvent après avoir joué aux morts. Non, des vrais morts qui restent morts tout le temps et pour toujours…
Ce livre touchant nous montre à quel point il est important de rester enfant, ou de le redevenir pour continuer d’espérer, de rêver, de voir le monde en couleur et non en noir et blanc, de croire au miracle… Il nous offre vingt bonnes raisons pour le dévorer ou le savourer en famille. À lire sans hésiter !
C'est grâce à Bellesahi que j'ai découvert ce beau roman. Merci !