Éditions des Équateurs, 2006, 220 pages.
2006 - Prix Découverte Le Figaro Magazine - Fouquet’s
Une fille dans la ville c’est le récit autobiographique du parcours d’une ancienne élève de HEC, qui après quelques boulots sans grand intérêt, décide de partir à 24 ans à la conquête de l’Amérique. Elle quitte Paris sans visa, réseau, ni projet, juste l’insouciance qu’il faut dans ces instants.
C’est la fin des années 1990, là-bas tout explose, c’est le monde des affaires, les start-up squattent la une du Wall Street Journal, la grande euphorie Internet arrive à New York. Elle y découvre une ville à cent à l’heure qui vit sous exta, ne parle que de millions et d’investissements, ne rencontre que des striver* et des capitalist pigs*, comme elle les appelle, c’est une véritable course au statut où il n’y a pas de place pour les relations humaines. La solitude fait rage dans cette folie boursière. Alors elle aussi veut en faire partie et ouvre une société « d’intelligence économique ».
Et puis tout s’écroule, il est 8 H 53, nous sommes le 11 septembre 2001, le silence s’installe dans cette ville où tout vient de s’arrêter, il n’y a plus de statut social, les gens se reparlent. En s’effondrant les tours ont coupé le son, changé la vision du monde.
Elle se pose mille et une questions, cherche un sens à tout ça, à sa vie, et entreprend divers voyages où elle constate les ravages de la mondialisation dans les villes qu’elle côtoie, elle pense à sa vie de femme esseulée, à Nicolas, son amour d’adolescence qu’elle part rejoindre à Kaboul, elle veut être avec lui, se rendre utile.
Pour son premier roman, Flore Vasseur s’attaque au monde des affaires, avec ses mots décapants, son humour caustique, c’est un témoignage sur les désillusions dans ce monde de capitaliste qui perd la tête. Elle a été sélectionnée pour le prix de Flore qu’elle n’a hélas pas remportée, car pour ma part, elle le méritait, c’est un récit épatant !
*Striver : individu « sang et sueur » qui croit s’en sortir par le travail. Il bosse comme un chien, vit comme un rat, adore l’Amérique.
*Capitalist pigs : Il gère ses affaires par téléphone dans les avions autour du monde. Sa vie est un cours de bourse, une caricature. Ses enfants veulent l’abattre comme un animal. Seul, adepte de la jouissance facturée et déviante, c’est un homme dangereux. Surtout pour lui-même. Cerveau grillé, âme dévastée, vie minée, c’est le genre de personne à sauter par la fenêtre un jour de krach, à faire un arrêt cardiaque à quarante-cinq ans, bref à exploser en vol. Les yeux sur Bloomberg.
Citation :
« À New York, les couples sont des ovnis, la solitude une industrie. »
Flore VASSEUR