Juke Box, Accès direct à la plage, Un minuscule Inventaire et Passage du gué - Jean-Philippe Blondel
© E. ROBERT/Opale
Éditions Robert Laffont, 2006, 336 pages.
C’est lors d’une banale course dominicale dans un magasin d’usine que Fred fait une rencontre inopinée, il est face à son passé, aux deux personnages qui ont marqué sa jeunesse. Il n’y aura que de brefs échanges de regards, aucune parole n’en sortira ce ne sont que les souvenirs qui reviendront prendre place dans la tête de Fred.
L’histoire se déroule entre 1985 et 1986. Fred a vingt et un an et est surveillant dans un collège situé près de chez lui. C’est un jeune homme à l’allure nonchalante, en plus de son métier de pion, il s’occupe de la fermeture des classes. Un beau jour, il entend de la musique, il reconnaît cet air car cette une chanson que sa sœur écoutait en boucle, il y a quelques années, quand elle était en pleine dépression. En ouvrant la porte il aperçoit la jeune professeur de dessin, Myriam Lebrun, dans un moment d’intimité qu’il n’ose pas la déranger.
Et là quelque chose se passe, c’est le coup de foudre, Fred tombe amoureux de Myriam, il n’a pas encore conscience de ce qui va lui arriver, dans quel engrenage il vient de mettre les pieds car Myriam, quoique troublée par Fred, en aime un autre.
Il fera la connaissance de Thomas et malgré tout il continuera à espérer mais ce que Fred ignore c’est qu’elle est enceinte. Quand elle annonce cet heureux évènement, lors d’une soirée entre copains, c’est le choc, Fred s’effondre et décide de s’éloigner d’elle. Mais un drame les réunira et Fred fera tout pour aider Myriam et Thomas, il s’occupera d’eux avec une totale abnégation afin de leur éviter de sombrer, de partir à la dérive, il sera leur ombre.
Coup de coeur pour ce magnifique roman qui est une véritable succession de tableaux. On passe de l’un à l’autre, on vit dans leur tête, on ressent une telle empathie pour ces trois protagonistes que l’on a dû mal à les oublier une fois le livre refermé.
Citation en exergue :
« Et dans cent cinquante ans, on s’en souviendra pas,
De la vieillesse qui prend, de leurs signes de croix,
De l’enfant qui se meurt, des vallées du tiers-monde,
Du salaud de chasseur qui descend la colombe,
De ce que t’étais belle, et des rives arrachées,
Des années sans sommeil, cent millions d’affamés
Des portes qui se referment, de t’avoir vue pleurer
De la cour solennelle qui condamne sans ciller.
Alors souris. »
Raphaël, Et dans cent cinquante ans.
Quatrième de couverture :
« Un dimanche en province, lors d'un vide-grenier. Sur le stand 111, des objets changent de main. Et se mettent à raconter l'histoire de celui qui les vend, de ceux qui les prennent une histoire qui nous ressemble. »
C’est une émouvante et triste histoire. Celle de Antoine un quadragénaire qui vient de divorcer et qui doit faire ses cartons, rassembler ses affaires, c’est l’heure de la séparation. Il décide alors de faire un vide grenier. Mais les affaires qu’il a sélectionnées, en pensant ne pas y être attaché, ont une histoire et ce sont ces souvenirs qui reviennent le hanter.
Puis il y a l’éloignement avec ses enfants et la difficulté qu’il a à communiquer avec eux à cause de ses absences trop souvent répétées. Il est malheureux et pour exprimer les sentiments qu’il ressent pour sa fille, il aimerait lui confier ce qu’il a de plus précieux, ce dont il ne pensait jamais pouvoir se séparer ; son stylo plume, le compagnon de ses mémoires.
Ce roman représente bien l’attachement que l’on pourrait ressentir pour certains objets qui ont fait partie de notre vie pendant un laps de temps. Et maintenant quand je traverse les allées d’un vide grenier, je me demande si ces hommes et ces femmes pensent la même chose quand ils se retrouvent seuls face à leurs souvenirs qu’ils ont étalés à la vue de tout le monde afin de les envoyer vers une autre destination pour une autre histoire.
Citation :
« Méfie-toi des souvenirs comme d’une montre arrêtée. » Georges SCHÉHADÉ (1907-1989) Monsieur Bob'le (Gallimard).
Quatrième de couverture :
« Parce que chaque souvenir est une chanson, un homme se met à nu et raconte ce qu’il a dans le cœur depuis qu’il est tout petit…
Juke-Box chante la vie, l’amour, l’amitié, les petits riens du quotidien, les drames parfois, et les renaissances. Quarante ans de la vie d’un homme sentimental, quatre décennies de tubes : le lundi au soleil d’un enfant des années 1970. La bombe humaine de son adolescence, l’indicible cruauté de Just an Illusion mais aussi la douce de Belle ou la lumière de Danse s’y… Chaque chanson revient, telle une empreinte qu’on croyait oubliée, pour nous raconter l’histoire de l’homme, du père, du mari, de l’écrivain q’est devenu ce petit garçon fasciné par son premier vinyle. »
« Insérez une pièce » et la touche play dans notre tête s’enclenche, nous voilà lisant ce livre en fredonnant toutes les chansons qui s’inscrivent en début de chaque paragraphe où l’existence de cet homme est rythmée par les tubes de l’époque. C’est un roman où se mêlent la mélancolie et la gaieté qui font ressurgir nos propres souvenirs.
Citation :
« Tout finit par des chansons. » Pierre Augustin CARON de BEAUMARCHAIS (1732-1799)
Quatrième de couverture :
« Ce roman prend racine aux quatre coins des côtes françaises. De Capbreton dans les Landes, en 1972, à Arromanches – Calvados – en 2002, en passant par Hyères et Perros-Guirec. Rien ne relierait ces personnages s’ils n’avaient le goût des locations à la mer. Ils se sont croisés dans l’épice particulière des soirs d’été. Les couples, les familles, les célibataires qui nous ont précédés. Ceux d’avant.
Ainsi, le lecteur, avec Jean-Philippe Blondel, éprouve-t-il lui aussi le sentiment d’être à la suite de quelqu’un. Il reste une empreinte qui s’attarde. Ici, il y a eu des envies, et puis des bonheurs étrangers, tellement visibles qu’ils ressemblent aux nôtres. »
C’est un roman original, qui nous fait suivre, sur trente années, l’évolution de la vie chez ces locataires de bord de mer. Plusieurs familles prendront la parole, on assiste au changement du temps qui passe, des couples qui se font et se défont, des naissances… Les sentiments qu’ils éprouvent à chaque bouleversement d’orientation, l’espoir et le désespoir. C’est jamais le même narrateur, mais on ne peut pas se perdre dans leurs histoires, car à un moment donné leurs chemins se croisent.
Citation :
« Il faut avoir confiance dans les surprises de la vie. » Jean-Philippe Blondel - Accès direct à la plage