Éditions Viviane Hamy, Rentrée Littéraire 2006, 267 pages.
C’est en regardant les photos de son arrière grand-père Lambert, garde-chasse au château des Perrières, que le narrateur nous fait entrer dans son histoire. Un bond dans le passé, dans l’ouest profond du XIXe siècle, au fin fond de la France sur les terres brumeuse et austère du vieux baron de l’Aubépine qui vient de mourir en laissant le domaine à son unique héritier ; son fils. Ce dernier, longtemps humilié par un père tyrannique, reprend possession des lieux après quinze ans d’absence.
Lambert qui incarne la rigueur et la moralité voit d’un mauvais œil ce jeune baronnet prendre la place de son ancien maître, surtout quand il s’aperçoit très vite que sa conduite n’est pas digne de son rang. Il multiplie les gestes déplacés et adore inviter des demi-mondaines pour les voir courir nues dans les couloirs sombres et déserts de son château, les suivant jusqu’à l’essoufflement un rasoir à la main. Car ce jeune baron de l’Aubépine aime se faire raser de près par ses demoiselles - du menton aux doigts de pieds - et surtout il s’enflamme, s’exalte à lacérer leur dessous. Tout cela au grand désespoir des domestiques Lambert et de sa femme Eugénie.
Et puis plein de faits étranges viendront pimenter ce roman ; les disparitions. En premier celle de Cachan, le valet de pied du baron, un homme sadique qui aime harceler Eugénie, suivit de la pétulante parisienne Berthe François ramenée par le fiévreux baronnet.
Les obsessions délirantes de ce châtelain qui s’enfonce progressivement dans la folie, en inondant de ses lettres excessivement admiratives Victor Hugo exilé à Guernesey, vont se renforcer. Magdeleine, la fille de Lambert, devient l’objet des convoitises de ce troublant baron. Dès lors, c’est une lutte de pouvoir qui s’installe entre le baron et Lambert, l’un terrifié par les chiens, l’autre par les mœurs, ils s’épient, s’affrontent jusqu’au drame en emportant dans leur sillage la belle Magdeleine.
C’est un huit clos étouffant, déstabilisant, mais terriblement envoûtant. Le lecteur comme les personnages ne sortent pas indemnes de ce roman à l’intrigue glaçante portée par une écriture brillante.
Citation :
« La folie, c’est la mort avec des veines chaudes. » Xavier FORNERET (1809-1884)