Éditions de L’Olivier, septembre 1995, 377 pages.
Traduit de l’anglais par Hélène Misserly et Lisa Rosenbaum.
Tout commence par l’assassinat du protagoniste de ce roman. Connor Gilmartin, rédacteur en chef d'un quotidien canadien, est assassiné par l'amant de sa femme.
« Je n’ai jamais été aussi abasourdi de ma vie qu’au moment où le Flaireur sortit l’arme dissimulée dans son fourreau et m’expédia au tapis, raide mort. Comment ai-je su que j’étais mort ? Il me semble que j’ai repris connaissance tout de suite après le coup et entendu le Flaireur chevroter « Il est mort ! Mon Dieu, je l’ai tué ! « Ma femme, agenouillée près de moi, l’oreille sur mon cœur, cherchait mon pouls ; elle dit, avec ce qui me parut en l’occurrence un flegme exceptionnel : « Eh oui, tu l’as tué. »
Dans l'instant, il devient un fantôme omniscient et l'observateur invisible de son entourage. Après ses obsèques, il décide de suivre son agresseur qui se rend au Festival du film de Toronto. Mais ce qu’il visionne sur l’écran ne correspond pas à la réalité.
« Ce que je regarde n’est pas le film dont se délecte le Flaireur à côté duquel je suis assis, ou perché, ou dans la posture autorisée par ma condition. »
Ce qu’il voit c’est la chronologie des événements passés qui va l’immerger dans la vie de ses aïeux, une famille immigrée au Canada depuis 1783.
Plus l’histoire qu’il voit défiler sur l’écran le renvoie à ses lieux et ses ancêtres qui l’on construit et qu’il continuait, sans le savoir, à porter en lui et plus cela lui procure un sens de la vie plus poignant et plus puissant que tout ce qu’il a pu éprouver de son vivant. Et plus nous, lecteurs, nous nous attachons à ces hommes et femmes aux prises avec leur vie, à la recherche de leurs parts de bonheur. Par le biais de ce roman, dans une écriture limpide et très agréable Robertson Davies aborde le thème de la filiation avec beaucoup d’humour et d’émotion. Un joli roman que je vous invite à découvrir !
« Un très beau roman dense et foisonnant porté par une écriture remarquable. » C’est également l’avis de Yueyin.
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