Éditions Mercure de France, janvier 2007, 552 pages.
Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin.
Dans ce dense roman victorien qui se déroule en Angleterre à la fin du XIXe siècle, Julian Barnes s’est inspiré d'un fait réel qui avait jadis divisé le pays pour raconter comment Sir Arthur Conan Dole est venu à plaider la cause de George Edalji qui a été injustement jeté en prison.
Dans leur enfance, Arthur & George sont deux garçons totalement opposés. Élevé dans la religion catholique, Arthur se révèle être un garçon énergique et impétueux. Très influencé par le tempérament dominateur de sa mère qui lui raconte des histoires chevaleresques avant de s’endormir, il ressent très tôt l’envie d’aider les autres et sa parfaite galanterie envers les femmes est très appréciée. Son père, passionné d’aquarelliste, n’arrive plus à subvenir au besoin de sa famille, il sombre dans l’alcool et finit sa vie dans un asile d’aliénés. Du coup, Arthur est envoyé dans un collège de jésuites où il se prend de passion pour le criquet, le spiritisme et la médecine, il devient ophtalmologiste et se marie avec Louisa Hawkins. Mais Arthur ne peut s’empêcher de raconter des histoires, grâce à son personnage Sherlock Holmes il devient très vite une figure dans les milieux littéraires. Dorénavant, il compte, parmi ses amis, Jerome et James Barrie ainsi qu’Oscar Wilde.
George est fils d’un pasteur d’origine indienne et d’une mère écossaise. Il grandit dans le Staffordshire au cœur d’un conté assez austère et inculte. C’est un garçon fragile, maladroit et très réservé qui se tient à l’écart des autres, mais cela n’empêche pas les persécutions raciales que sa famille reçoit sous forme de lettres anonymes. Il essaye de ne pas en tenir compte, passe avec succès son examen et s’installe comme avoué en ouvrant son propre cabinet. Il vit toujours chez ses parents et un beau jour ce sont des animaux éventrés retrouvés non loin du presbytère qui font l’objet d’une enquête. Pour le borné et raciste capitaine de police George est la victime idéale. Condamné à sept ans de travaux forcés puis relâché sous liberté conditionnelle sans aucune explication, ni excuse, George, plongé dans une détresse morale, décide d’adresser une lettre au créateur de Sherlock Holmes afin qu’il puisse l’aider à prouver son innocence.
Waouh, voilà le mot qui m’est venu aux lèvres dès que j’ai refermé ce livre !!! Car ce roman aux allures de polar qui alterne entre la vie de George et celle d’Arthur dont le seul objectif en commun qui les motive est de combattre l’erreur judiciaire et respecter la loi, est des plus passionnants et n’est pas sans rappeler l’affaire Dreyfus qui a quelques années d’intervalle avait également provoqué une profonde scission en France. En plus, j’ai adoré la façon dont l’auteur nous dépeint la société victorienne, mais ce qui m’a vraiment subjuguée, hormis cette histoire véridique, c’est le parcours atypique d’un des plus grands écrivains anglais !!
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Un coup de coeur pour Allie. Un petit bonheur de lecture pour Thom. L'enthousiasme de Belledenuit et l'avis plus mitigé de Doriane.