Éditions Belfond, 2003, 409 pages.
Traduit de l’anglais (Canada) par Roxane Azimi.
Edwin Vincent de Valu n’a rien du modèle parfait, c’est un homme maigre, empressé, d’allure dégingandée avec une tignasse couleur de paille sèche, qui fume trop, boit trop et trompe sa femme. Pourtant, c’est lui le directeur de la collection « Développement personnel » chez les éditions Panderic qui est chargé de trouver LE livre, une sorte de guide universel philosophique qui, en premier lieu, comblera le trou imprévu dans le catalogue d’automne, et, surtout, qui devra pulvériser les ventes. Mais comment dénicher un tel livre parmi la haute pile de manuscrits qui s’accumulent chaque matin sur son bureau ?
Edwin se fie à son instinct et édite un manuscrit constellé de gommette en forme de pâquerettes d’un mystérieux gourou, un livre, comme le dit l’auteur, censé aider les gens à mieux vivre, celui que tout le monde attend. « Il apportera le bonheur à quiconque le lira. Il aidera à perdre du poids et à arrêter de fumer. Il guérira la dépendance au jeu, à l’alcool et à la drogue. Il permettra aux gens de trouver l’équilibre.»
L’accueil sans précédent a propulsé ce livre en tête de la liste des best-sellers. On se l’arrache partout, du jour au lendemain l’économie tout entière s’effondre en commençant par l’industrie du tabac, de l’alcool, des substances illicites, la mode, les fast-foods, les voitures de sport… « L’Amérique était devenue – ou était en passe de devenir - une terre heureuse. Le valium des nations. Et personne n’était à l’abri. Pas même les éditions Pandéric… ». Tout un mode de vie remis en question, car Edwin, sans s’en douter une seconde, venait de lâcher la Peste sur le monde.
« Bonheur, marque déposée » est un livre truculent, drôle, subtil qui m’a fait passer un bon moment. Will Ferguson nous donne une vision cynique, mais lucide sur ce que serait le monde sans péchés, ni tentations, si les gens devenaient réellement heureux, satisfaits de leur existence. Une satire savoureuse sur une Amérique symbole de consommations effrénées.
Citation en exergue :
« L’Amérique est une vaste conspiration pour vous rendre heureux » John Updike
D'autres avis enthousiastes trouvés sur la Toile : Cuné, Loupiote & Tamara (si j'en oublie, dites-le-moi !)
Existe en format poche