Éditions Gallimard, 2005, 272 pages.
Lamia, cette jeune femme de trente-cinq ans est pédiatre dans un hôpital d’Alger. Depuis qu’elle est sans nouvelle de son frère Sofiane qui a tout quitté, est devenu un « harraga », un « brûleur de route » qui ne rêve que d’une chose atteindre l’Occident pour fuir une Algérie en perdition, étouffée par la corruption et la rigueur de l’islam, Lamia est inquiète et se sent bien seule dans cette maison familiale délabrée, hantée par les souvenirs du passé.
« Comme les jours sont longs et que le rêve est difficile. On perd tant de choses au cours d’une vie. On se retrouve seul, avec sa mémoire en lambeaux, des habits oubliés dans la naphtaline, des objets chers qui ne disent rien, des mots sortis de l’usage, des dates accrochées bêtement à la patère du temps, des fantômes qui se mélangent les ombres, des repères troubles, des histoires lointaines. On remplace comme on peut, on s’entoure d’un nouveau bric-à-brac, mais le cœur n’y est plus et le peu de vie qui nous reste s’en ressent. »
Dans cette vie léthargique et austère dans laquelle Lamia s’est ensevelie débarque Chérifa, une jeune fille de dix-sept ans enceinte jusqu’au cou qui dit connaître son frère. Ne pouvant refuser l’hospitalité à cette drôle de gamine « belle comme le diable », Lamia la laisse s’installer.
Mais très vite cette cohabitation va devenir un enfer, Lamia ne supporte plus la pétulance, l’insouciance, les escapades de Chérifa. À bout de nerf, elle la chasse, la récupère, car on fond elle l’aime bien, essaye de lui inculquer l’ordre, le respect. Mais un mot, une réflexion de trop et Chérifa quitte le domicile pour de bon.
Par la voix de cette femme, Boualem Sansal, nous dévoile les faces cachées de l’Algérie, désertée par les jeunes, ces « Harragas » qui ont choisi d’émigrer le plus loin possible. C’est un livre éblouissant, édifiant que je vous invite à découvrir au plus vite !!
Voir l'avis de Clarabel dans sa pochotèque du mois de Mars !
Existe en poche