Éditions Albin Michel, 2007, 301 pages.
Traduit de l’américain par Isabelle Reinharez.
Faye Travers, d’origine indienne, vit dans le New Hampshire avec sa mère. Toutes les deux gèrent, depuis deux décennies, une succession mobilière. Faye, dans la plus grande discrétion, partage ses nuits avec Kurk, son voisin, un tailleur de pierre de cinquante-six ans.
Un jour, lors de l’inventaire d’une demeure, elle remarque, parmi une étonnante collection d’objets et de vêtements datant du XIXe siècle, provenant d’une réserve indienne, un curieux instrument emmailloté dans une courtepointe. À l’approche de celui-ci, elle l’entend émettre un son caverneux alors que rien ne vient frapper la peau. Intriguée par ce phénomène, elle ôte le tissu et s’aperçoit qu’il est étrangement décoré.
Profitant de l’absence de la propriétaire, cette femme, d’habitude intègre et honnête, s’empare de l’instrument sans rien dire à personne. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que ce tambour possède un pouvoir qui va au-delà de sa signification symbolique et de son ancienneté ; il bat au rythme de la douleur des êtres et exacerbe les sentiments.
Ne pouvant garder son secret bien longtemps, elle fera la connaissance d’un homme qui va lui raconter une histoire bouleversante, celle de son grand-père, l’Indien Shaawano, qui, accablé par la mort effroyable de sa petite fille, a fabriqué le tambour et, grâce à ces pouvoirs surnaturels protégeant ceux qu’ils l’approchent, parvient à surmonter sa trop grande peine.
Née d’une mère Ojibwa, Louise Erdrich, d’origine indienne, est devenue l’une des voix majeures de cette communauté aux États-Unis en défendant l’âme et la culture. Sous une plume poétique, elle nous invite à remonter le temps à la découverte d’un passé mythique aux cœurs des traditions indiennes. Ce roman dense traite des sortilèges, du pouvoir que peuvent exercer les morts sur les vivants, mais également celui de la musique qui transporte les âmes. Un roman fascinant que je vous invite à découvrir et qui est né en partie d’une histoire vraie :
« Celle d'enfants indiens traqués par des loups. À cela s'ajoute un mythe Ojibwa où il est question de l'héroïsme d'une petite fille. Quant au tambour, il est également lié à l'extraordinaire courage dont les enfants sont parfois capables : cet instrument est une métaphore de l'amour humain et de l'amour divin. Face à l'amour, nous nous sentons tous vulnérables : il peut certes nous faire souffrir, mais il peut aussi nous rendre plus libres. » Louise Erdrich - L'Express du 25/01/2007