Éditions Albin Michel, 2006, 470 pages.
Traduit de l’américain par Judith Roze.
Il s’appelle David Winkler et a cinquante-neuf ans. C’est la première fois en vingt-cinq ans qu’il rentre chez lui, s’il peut encore parler de « chez lui ». Il a été père, mari et hydrologue. À présent, il n’est plus trop sûr d’être aucun des trois.
Il ne cesse de penser à ce qu’il a été, il sombre dans le chevauchement de ses souvenirs et se revoit à l’époque où il vivait à Anchorage en Alaska avec sa femme Sandy et leur petite fille Grace.
Déjà enfant, David souffrait de terreurs nocturnes qui se révélaient être des prémonitions, et ses rêves ou plutôt ses cauchemars reviennent l’assaillir de plus belle. Dans le déluge d’une inondation, il assiste impuissant à la mort tragique de Grace. Bouleversé par ce songe, il exhorte sa femme de quitter la ville pour s’enfuir avec lui loin de ce drame qui risque d’arriver. Mais Sandy ne veut rien savoir, elle le repousse, le traite de fou, et ne supporte plus ses crises de somnambulisme mettant en danger leur bébé, car plus d’une fois David se réveille en tentant de fuir avec Grace dans les bras et c’est ce qu’il finira par faire, mais sans sa famille.
Pour conjurer le mauvais sort, cet homme perdu, ce mari déserteur s’enfuit loin, très loin, à l’opposé du continent sous le soleil des Caraïbes où il erre comme une âme en peine en expiant sa faute, celle de n’avoir pas pu sauver sa fille d’une noyade hypothétique. N’ayant aucune nouvelle de sa femme, mille et une questions le hantent, il veut savoir ce qui s’est réellement passé. « Et si en partant, il avait d’une manière ou d’une autre altéré l’ordre des choses ? (…) ou pire encore et si toutes ces années passées à étudier l’eau avaient abouti à un rêve qui n’était rien de plus qu’un cauchemar, une illusion qu’il suffisait de chasser au réveil, la manifestation d’une peur, un simple exemple de ce qui pouvait arriver ? Et s’il avait laissé sa fille mourir sans défense ? »
David Winkler signe ici un premier roman éblouissant aussi bien dans l’écriture que dans la magnificence des paysages enneigés. Un livre rempli de grâce et de lyrisme bouleversant que je vous conseille vivement !
L’avis de Cuné & Chimère