Éditions Michel Lafon, 2007, 461 pages.
Traduit de l’anglais par Nathalie Gouyé-Guilbert.
En 1819, Stephen Fairhurst, revenu gravement blessé de la guerre, s'est débrouillé, malgré sa jambe de bois, à devenir guide touristique sur les champs de batailles, avant de se retirer dans la campagne anglaise où il vient d’hériter du domaine de Keiser.
Ayant entrepris un voyage dans le Lancashire pour demander la main de mistress Hetty Greenshaw, il se retrouve désabusé devant son refus qu’il met sur le compte de sa disgrâce physique qui provoque, devant ses dames, une réaction de répulsion. Il se rend bien compte que cette infirmité fait de lui un piètre prétendant et que toutes les femmes repousseront ses avances. Jusqu’au jour, où il fait la connaissance de la pétulante Miss Lucy, la sœur d’Hetty, qui lui demande de lui faire part des descriptions et anecdotes sur les dernières guerres afin de les retranscrire sur son carnet à dessin qu’elle emporte partout avec elle.
De retour à Kersey, il entame une correspondance avec Lucy dans laquelle Stephen, portant au fond de lui un lourd secret, se confie de plus en plus. « J’aime à vous imaginer lisant mes récits à haute voix, le soir au salon, et encore plus, épinglant mes missives au-dessus de votre table, comme vous me le dites, pour traduire mes mots en images. »
En 1976, Anne Ware est envoyée à Kersey chez son oncle Ray et son antipathique grand-mère Belle, qu’elle connaît à peine, pour y passer ses vacances d’été afin de permettre à sa mère, accompagnée de son copain Dave, de partir en Espagne à la recherche d’un Hôtel à acquérir.
Mais pour une jeune fille de 15 ans se retrouver isolée sans une copine à qui parler, l’ennui prend vite place « Seul problème, qu’est-ce que j’allais faire pendant ce temps-là ? Je n’avais pas vu l’ombre d’un poste de télé. Fut un temps où, si on m’avait annoncé que j’allais passer huit semaines sans rien d’autre à faire que lavez mes tee-shirts de temps en temps, je me serais dit que le monde avait enfin décidé de me foutre la paix. J’aurais dû me douter que ce n’était jamais aussi simple dans la vraie vie. Je me retrouvais à des kilomètres du premier supermarché, sans parler du reste, et à des années-lumière de mes copines. »
Ne voulant pas se sentir désoeuvrée, cloîtrée dans cette bâtisse immense et austère, elle part faire la connaissance des voisins et de leur ami Crispin, conservateur des archives Fairhurst. Ce dernier, apprenant qu’elle vit à Kersey, lui confie les copies des lettres échangées entre Stephen et Lucie.
« Une petite écriture démodée s’étalait sur le papier mou et brillant de la photocopieuse, qui avait gardé l’empreinte sombre des pliures (…) Pour déchiffrer les mots, je devais suivre des yeux les pleins et déliés, la trajectoire de la plume, sa plume, la plume de Stephen. Il y avait quantité de lettres tarabiscotées et de tournures compassées. Des mots longs et compliqués, certains presque effacés et aussitôt suivis de traits noirs et épais, quand l’encre s’épuisait et qu’il retrempait sa plume dans l’encrier. »
Au fur et à mesure Anna va finir par découvrir le secret que renferment ses mots, ses phrases qu’elle s’amuse à déchiffrer et qui vont lui révéler que son destin est étroitement lié avec Stephen Fairhust.
Dans une jolie écriture toute en finesse, le roman d’Emma Darwin alterne les deux époques, les deux histoires qui curieusement vont se rejoindre. Il n’y a pas de larmes, pas de tragédie dans ce livre délicat qui ne parle que d’amour, mais une magnifique histoire touchante et captivante qui fera palpiter votre été !
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