

Éditions Mercure de France, 1975, 270 pages
Prix Goncourt 1975
Roman Gary publie chez Mercure de France en 1975 son second roman sous le nom d'Emile Ajar.
Quatrième de couverture :
« La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur. »
C’est une belle histoire d’amour d’un petit garçon, surnommé Momo, pour Madame Rosa, une ancienne prostituée devenue, par la force des choses, sa mère adoptive. Avec son franc-parler, le visage peinturluré, cette vieille femme juive au grand coeur est une survivante des camps d’Auschwitz. Elle habite au sixième étage d’un immeuble sans ascenseur, mais avec son âge avancé elle ne peut plus gravir ces nombreuses marches et préfère rester cloîtrer chez elle dans son « trou juif » que d’aller finir ses jours à l’hôpital, ainsi, elle peut bénéficier du droit sacré « des peuples à disposer d’eux-mêmes » qui n’est pas respecté par L’Ordre des médecins.
« Maintenant le docteur Katz essayait de convaincre Madame Rosa pour qu'elle aille à l'hôpital. Moi, j'avais froid aux fesses en écoutant le docteur Katz. Tout le monde savait dans le quartier qu'il n'était pas possible de se faire avorter à l'hôpital même quand on était à la torture et qu'ils étaient capables de vous faire vivre de force, tant que vous étiez encore de la barbaque et qu'on pouvait planter une aiguille dedans. La médecine doit avoir le dernier mot et lutter jusqu'au bout pour empêcher que la volonté de Dieu soit faite. Madame Rosa est la seule chose au monde que j'aie aimée ici et je ne vais pas la laisser devenir champion du monde des légumes pour faire plaisir à la médecine. »
Alors Momo, avec l’aide du peuple de Belleville résidant dans le quartier, va tout faire pour garder sa nounou en vie « Madame Rosa avait des ennuis de cœur et c'est moi qui faisait le marché à cause de l'escalier. Chaque matin, j'étais heureux de voir que Madame Rosa se réveillait, car j'avais des terreurs nocturnes, j'avais une peur bleue de me trouver sans elle. Je devais aussi penser à mon avenir, qui vous arrive toujours sur la gueule tôt ou tard, parce que si je restais seul, c'était l'Assistance publique sans discuter. »
Mais Momo se sent de plus en plus impuissant devant la lente et pitoyable déchéance de Madame Rosa dont l’issue ne peut être que fatale.
« Lorsque je suis rentré j'ai bien vu que Madame Rosa s'était encore détériorée pendant mon absence. Le docteur Katz est venu la voir et il a dit qu'elle n'avait pas le cancer, mais que c'était la sénilité, le gâtisme et qu'elle risquait de vivre comme un légume pendant encore longtemps. »

Existe en format poche

Ce roman a été porté à l'écran par Moshé Mizrahi en 1977, avec Simone Signoret dans le rôle de Madame Rosa. Pour ce rôle, elle a reçut, en 1978, le césar de la meilleure actrice.

L'avis de tous celles et ceux qui ont aimé : Sylvie, Kalistina & Patch (si j'en oublie dites-le-moi)