Éditions de L’Olivier, 2007, 425 pages.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Agnès Desarthe.
Après Trente ans et des poussières, j’ai eu le plaisir de retrouver Corrine et Russel Calloway. Ils ont vieilli, quatorze ans se sont écoulés. Corrine est devenue scénariste et Russel est resté dans le milieu de l’édition. Ils ont deux enfants et Corrine a dû arrêter de travailler pour les avoirs, elle a eu beaucoup de mal à concrétiser ce rêve. Aujourd’hui, ils résident tous les quatre dans un loft à TriBeCa, quartier branché de Manhattan, avec vue sur les deux tours. C’est la belle vie, pourtant quelque chose ne va plus dans ce couple englué dans le quotidien et le mensonge.
C’est l’été indien, il fait beau en cette fin d’après-midi du 10 septembre, dans les rues, plane encore la nonchalance de l’été. Certains New-Yorkais rentrent de vacances, d’autres sortent du travail. Corrine et Russel préparent un dîner amical et mondain.
Puis tout explose, survient alors le 11 septembre, New York bascule dans l’horreur…Jay McInerney ne décrit rien de cet événement puisqu’après une habille ellipse, on retrouve les personnages le lendemain errant dans les rues de New York sous une pluie de cendres. C’est là que Corrine rencontre Luke.
Luke et sa femme Sasha sont l’autre couple de la belle vie. Luke est un homme riche, tellement riche qu’il a décidé d’arrêter de travailler pour s’occuper davantage de sa fille de quinze avec qui les rapports sont des plus tendus. Sa ravissante femme mondaine qui passe son temps dans les galas de charité voit cette retraite d’un mauvais œil.
Corrine et Luke se retrouvent à faire du bénévolat sur le site de Ground Zero. Ces deux naufragés ont besoin de se sentir utiles et cherchent surtout à redonner un sens à leurs vies défaites. C’est le début d’une passion qui commence.
Jay McInerney explore dans ce roman l’après 11 septembre, le traumatisme subi par des millions d’existences. Dans cet état de guerre, une grande solidarité a vu le jour et leur a fait voir la vérité en face, faisant naître dans chacun d’eux un état de lucidité où tout est remis en question ; le travail, leur vie de couple... Ils ont cette envie folle d’aimer et de pardonner. Paradoxalement, une étrange atmosphère d’euphorie et d’angoisse se répand dans ce paysage de désolation. Mais cet impact émotionnel du 11 septembre sur la vie de ces gens restera-t-il intact ?
Même si j'ai beaucoup aimé Trente ans et des poussières, je garde une préférence pour ce livre existentiel. Jay McInerney décrit avec beaucoup de sensibilité et d’humanité les conséquences de l’après 11 septembre sur la vie des New-Yorkais, où toutes les personnes se sentaient renaître en pensant que tout ne sera plus comme avant. En tout cas, tout le monde y a cru, mais finalement, une fois l’onde de choc passé, rien ne change vraiment.
L'avis de Thom
Le site officiel de Jay McInerney