Éditions Casterman/écritures, 2004, 218 pages.
Traduit du japonais par Marie-Françoise Monthiers & Frédéric Boilet.
Taniguchi, dessinateur japonais et Utsumi, scénariste, dans ce recueil de huit nouvelles, explorent, chacun par leur talent, des scènes de vies où les enfants et les adultes se trouvent face aux difficultés de l’existence.
Dans L’Orme du Caucase, c’est l’individualisme des personnages que l’auteur veut montrer, à travers des problèmes de voisinage, quand l’entourage s’en prend à un couple de retraités, qui vient d’emménager, en leur demandant d’abattre l’arbre de leur jardin sous prétexte, qu’en automne, ses feuilles viennent salir leurs pelouses. Mais pourquoi le ferait-il puisque ce magnifique orme centenaire était là bien avant eux ?
L’histoire du Cheval de bois évoque un sujet sensible celui d’une petite fille qui se voit confiée à ses grands-parents, qu’elle ne voit qu’une fois par an, par sa mère qui a décidé de se remarier et qui ne veut pas imposer d’entrée, à son futur mari, une vie à trois. Imaginant être un fardeau pour sa famille, la gamine est terrorisée à l’idée d’être une nouvelle fois abandonnée quand ses grands-parents décident de l’emmener au parc d’attractions…
Les dessins en noir et blanc de Taniguchi abordent des sujets tels que le divorce, la vieillesse… avec beaucoup de pudeur et sensibilité. Il retranscrit à merveille l’émotion sur chacun des visages, qu’ils soient tristes ou gais, ils sont tous très émouvants, comme dans la dernière nouvelle Son pays natal où une belle fille française, après la mort de son mari japonais, se réconcilie avec sa belle mère, séparées par les différences culturelles, grâce au katazome* qu’elle a réalisé. J’ai vraiment apprécié cet album, le premier manga que je lis, même si les histoires sont courtes, elles donnent à réfléchir, car les thèmes évoqués soulignent, tout en finesse, l’importance du respect d’autrui et l’acceptation des différences. Un joli album plein de sagesse.
* Méthode de teinture des tissus avec un pochoir.