Au large de la côte sud de l’Italie, une île rocheuse serait tellement maudite que de nombreux habitants refusent de s’en approcher.
Nichée sur un rocher ravagé par les vagues, une minuscule villa abandonnée gît, presque en ruines, à quelques mètres à peine de la côte de Posillipo, un quartier résidentiel cossu de Naples. Un petit paradis sous le soleil de Méditerranée à première vue…
Pour la petite histoire, on trouve aussi dans cette région de la Gaiola des ruines d’établissements de Vedius Pollion. Ce Romain était connu pour sa cruauté envers les esclaves (qu’il jetait dans des bassins à murène !). Virgile, le poète romain qui avait des dons de magicien, aurait enseigné son savoir sur l'île, les ruines de son école étant désormais immergées...
Des propriétaires aisés aux destins contrariés...
Dans le dernier quart du XIXe siècle, la Gaiola devient surtout un lieu de villégiature pour gens aisés. C’est Luigi de Negri, ayant fait fortune dans la pisciculture, qui fait construire une luxueuse villa. Il n’en profite pas très longtemps. Son entreprise fait faillite un an plus tard.
C’est un ingénieur maritime du nom de Nelson Foley, beau-frère de Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur des romans policiers sur Sherlock Holmes, qui acheta la Gaiola.
Vers 1896, il l’a vendu à l’écrivain britannique George Norman Douglas, qui l’a revendu à Nelson Foley sept ans plus tard.
En 1911, le capitaine Gaspare Albenga, qui, semble-t-il, voulait acheter cette île, a heurté des rochers en faisant le tour du propriétaire et s’est noyé. Certains affirment que ni son corps ni son navire n’ont été retrouvés.
Les occupants de marque se succèdent sur l’île. Hans Braun, un parfumeur, Otto Brumbach, un médecin, Maurice-Yves Sandoz, l’industriel pharmaceutique, Gianni Agnelli, le patron de Fiat, Paul Getty, milliardaire américain qui voulait relier l’île au continent par un tunnel, Gianpasquale Grappone, un homme d’affaires, en ont été les propriétaires. Mais pas toujours heureux…
Maurice-Yves Sandoz se suicidera dans un hôpital psychiatrique en Suisse. On dit que Giovanni Agnelli a perdu de nombreux proches et affronté des difficultés économiques quand il était le propriétaire de l’île.
Le milliardaire John Paul Getty, lui, subit l’enlèvement de son petit-fils. Quant à Gianpasquale Grappone, le dernier propriétaire privé de la Gaiola, il s’est retrouvé en prison tandis que sa femme se tue dans un accident de voiture.
Drame d'amour...
Une autre histoire a fait les choux gras de la presse en 1926. Les versions divergent selon que l’on lise les journaux italiens ou français (et même les noms !), mais la finalité est la même.
Hans Braun et Otto Brumbach étaient tous deux propriétaires de la Gaiola. Le second rentre sur son île en compagnie d’une certaine Elena Von Parish. À l’époque, les propriétaires ont installé une sorte de télésiège pour une personne pour passer d’une rive à l’autre.
Lors du passage de la dame, le câble casse et la malheureuse disparaît en mer. Otto, médecin de son état, se suicide dans la foulée par arme à feu. On l’aurait retrouvé étrangement entouré d’un tapis, note dans un article récent Il Mattino, le quotidien napolitain.
Ci-dessous, dans le quotidien français Le Siècle du 22 novembre 1926, on explique qu’il s’est plutôt jeté à la mer de désespoir, après avoir échoué à retrouver sa dulcinée. L’autre propriétaire de la Gaiola, le parfumeur Hans Braun, se suicidera en Allemagne quelques mois plus tard, reprend Il Mattino.
C’est une île maudite, qui tue prématurément tous ses occupants ou provoque des accidents !
Le cuirassé San Giorgio, l’une des plus grosses unités de la marine italienne, ne s’était-il pas échoué ici à l’été 1911 ? Il aura fallu huit jours pour le remettre à flot.
Petit ajout à la légende noire de la Gaiola : le 21 mars 1777, La Gazette écrit qu’une centaine de personnes s’était réunie sur l’île pour écouter un concert. Un plancher se serait écroulé, blessant de nombreux mélomanes. Décidément !
En tout cas, désormais, la Gaiola n’a plus de propriétaire si ce n’est la région de Campanie. C’est peut-être mieux ainsi...
Sources :