Un jour de 1696, François Michel se voit visiter par un mystérieux fantôme qui le presse de porter un message à Louis XIV.
François Michel était maréchal ferrant à Salon, en Provence, ville où vécut et mourut Nostradamus. Il était âgé d'environ trente cinq ans et passait pour un homme honnête et sensé lorsqu’un jour, revenant tard chez lui, il se voit visiter par une mystérieuse et lumineuse apparition qui le presse de porter un message à Louis XIV ou, à défaut, à un de ses ministres.
Dans un premier temps, François Michel est très réticent, car il sait d’avance que ses propos vont le faire prendre pour un extravagant et le maréchal de Salon ne s’empressa point de quitter sa Provence. C’est donc à deux reprises que le fantôme lui rappela sa mission.
Vers le milieu du mois de décembre, François Michel décida de se rendre à Aix pour conter son aventure à l’intendant de Provence. Après l’avoir éconduit plusieurs fois, ce dernier lui donne les moyens de se rendre à Versailles.
François Michel se met en route, accompagné d’un de ses frères. Tous deux accomplissent la plus grande partie du trajet avec un détachement de recrues jusqu’à La Ferté-sous-Jouarre.
Entre temps, le bruit de cette aventure s’était répandu, non seulement à la Cour, mais à travers tout le pays.
Au printemps 1697, à peine arrivé à Versailles, au milieu d’une curiosité qui éclipsa toutes les autres affaires du temps, François Michel s’adressa au major des gardes du corps déclarant qu’il voulait être conduit auprès du roi pour lui parler en particulier.
Louis XIV le fit renvoyer à M. de Barbezieux. Mais le provençal, fidèle aux ordres qu’il avait reçus, dit qu’il ne voulait parler qu’à un ministre d’État.
Le roi désigna Pomponne qui reçut le maréchal trois fois et, à chaque entrevue, demeura plus de deux heures avec lui. Sur le rapport de Pomponne, le roi réunit un Conseil d’État où il appela ses ministres puis il manifesta le désir de causer lui-même avec François Michel.
« Il ne s’en cacha point ; il le vit dans ses cabinets et le fit monter par le petit degré qui en descend sur la cour de Marbre, par où il passe pour aller à la chasse ou se promener… »
Il eut par la suite au moins une audience de plus d'une heure auprès de Louis XIV, lequel rabattit l’ironie de certains courtisans en affirmant qu’il avait eu affaire à un homme plein de bon sens. Après ces paroles du roi, la cour fut encore plus curieuse de le connaître.
Ces entrevues mystérieuses intriguèrent la cour. Spéculations, suspicions de manigance, hommes et femmes de tout milieu cherchent à identifier le spectre et à percer le secret qui fait alors grand bruit en France et en Europe.
Le Roi-Soleil renvoya François Michel, lui fit remettre quelque argent et écrivit à l’intendant de Provence de veiller au sort du maréchal, sans le détourner de son état. Le bonhomme rentra dans son pays avec un bon cheval et quelques hardes qui, par protection royale, ne furent point visitées dans les bureaux des fermes par où il passa.
François Michel reprit son métier et répondit au curieux qu’il lui était défendu de parler. « Il ne parut point différent de ce qu’il était auparavant, ne parlait ni de Paris ni de la cour… Surtout, nulle vanterie… » Personne ne put lui arracher son secret.
Plus tard, le roi consentit à faire savoir quel signe lui avait donné de sa mission le maréchal de Salon : « Un jour, Louis XIV avait vu apparaître un fantôme dans la forêt de Saint-Germain ; il n’en avait jamais rien dit à personne ; et c’était ce souvenir que François Michel lui avait rappelé. »
Pour le reste, le secret fut bien gardé...
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