Le 1er avril 1921, Adrienne Bolland devient la première aviatrice à franchir la Cordillère des Andes. Un exploit mêlant le défi et l’extraordinaire…
En janvier 1920, âgée de 24 ans, Adrienne Bolland devient la treizième femme au monde à obtenir son brevet de pilote et la première pilote d’essai engagée par René Caudron, pionnier de l’aviation et directeur de l’école.
Le 25 août de la même année, elle peut se glorifier d’être la première femme à traverser la Manche depuis la France ! Au moins, cette fois, elle n’a pas manqué le rendez-vous…
La traversée, prévue une semaine plus tôt, était tombée à l’eau, car, une fois arrivée à Calais, Adrienne avait pris la direction de Bruxelles pour festoyer avec d’autres aviateurs. Pendant ce temps-là, René Caudron la croyait disparue en vol !
En 1921, celle que l’on surnomme dès lors Madame Sans-Gêne s’envole vers l’Amérique latine avec l’équipe de René Caudron pour faire la promotion de leurs engins. La presse locale la titille : sera-t-elle la première femme à survoler la Cordillère des Andes ? La téméraire accepte le défi !
Le 1er avril, à bord d’un biplan, elle s’envole de Mendoza, en Argentine, et, après trois heures quinze de voyage, atterrit au Chili.
Croyant à un canular, le consul de France à Santiago ne se présente pas à son arrivée !
Pourtant, la traversée latino-américaine de l’aviatrice a été épique : perdue, la vue brouillée après avoir cassé ses lunettes, Adrienne se rappelle les prédictions d’une jeune femme venue la veille frapper à la porte de sa chambre d’hôtel.
« Vous allez voler un certain temps et à un moment donné, vous regarderez sous vous et vous apercevrez un lac. Ce lac aura la forme et la couleur d’une huître. Et bien, à ce moment-là, vous volerez dans le fond d’une vallée et votre réflexe sera de continuer dans le fond de cette vallée qui tourne à droite. Or, il ne faut pas tourner à droite. Si vous tournez à droite, vous êtes absolument sûre de vous tuer. Il faut tourner à gauche ! Mais vous aurez de grandes difficultés à suivre ce que je vous dis, parce que sur la gauche vous ne verrez que des montagnes qui sont plus hautes que vous. Il faut foncer dans ces montagnes et vous apercevrez une montagne qui a une forme incurvée que vous reconnaîtrez très facilement. Quand vous arriverez sur cette montagne, vous trouverez une brèche et vous passerez. »
Cette dame ne pouvait pas connaître ces montagnes. Elle n'y était jamais allée. Sur le coup, Adrienne l'a prise pour une folle. Après l’avoir avertie, elle s'en est retournée sans un mot de plus.
Adrienne Bolland avait oublié toute cette prophétie jusqu’au moment où elle reconnut le lac, décrit à la perfection par cette jeune femme.
« Il fallait choisir, je ne sais pas ce qui m’a poussée à lui faire confiance. J’ai tourné à gauche en pensant : et dire que pour une ânerie pareille je vais sans doute me casser la figure ! »
Le miracle se produit : « Il me semblait que je n’avançais plus. Le froid était encore plus vif, l’engourdissement gagnait ma tête ; je croyais pleurer des larmes de sang, tant cela me faisait mal. Alors le couloir s’élargit, le vent devint moins âpre, mon appareil se remit au calme. Les Andes étaient franchies. Au loin, quoique voilé par la brume, un paysage admirable s’étalait devant moi. La mer m’apparut comme dans un rêve. »
Adrienne Bolland atteint enfin Santiago du Chili. Lorsqu’elle se pose, elle est paralysée par le froid, mais bien vivante. Elle est accueillie en héroïne par les Chiliens, mais pas un officiel français à l’horizon.
Ceci explique peut-être pourquoi, en 2022, elle n’est pas encore aussi (re)connue que son prédécesseur, Mermoz…
C’est pourtant bel et bien l’histoire d’un destin. Son ange gardien, une jeune voyante de Buenos Aires ayant été envoyée pour la sauver…
Sources :
Pour aller plus loin :
L’aviatrice Adrienne Bolland accomplissait l’exploit de traverser la Cordillère des Andes aux commandes d’un avion « périmé, juste bon à faire quelques sauts en école ». En 1961, elle revient sur cette incroyable traversée.
Vous pouvez retrouver cette vidéo sur la page Facebook de l'INA : Adrienne Bolland, la folle traversée des Andes.