Indissociable de l'histoire du Pont d'Avignon, c'est au milieu du XIIIe siècle que la légende de Bénézet se fixe et se répand grâce aux quêteurs de l'Œuvre du Pont qui la lisaient en chaire afin d'obtenir des fonds.
Le 13 septembre 1177, alors qu’il est âgé de 12 ans, le jeune berger du Vivarais, du nom de Bénézet (petit Benoît), vient de quitter les montagnes de l'Ardèche. Il se dit envoyé par Dieu pour construire un pont à Avignon.
Au début, on le prend pour un fou, mais il a entendu cette voix venue du ciel lui dicter :
« Bénézet, prend ta houlette et descends jusqu'en Avignon, la capitale du bord de l'eau : tu parleras aux habitants et tu leur diras qu'il faut construire un pont »
Un dimanche de fête, pendant que l'évêque d'Avignon donne sa bénédiction sur le parvis de Notre-Dame, Bénézet l'interpelle :
« Seigneur évêque, je suis mandaté par le Tout-Puissant pour construire un pont sur le Rhône »…
Raillé par les Avignonnais, le jeune pâtre est mis au défi par le prélat de charger une pierre énorme sur ses épaules, que 30 hommes ne pourraient soulever, et de la jeter dans le Rhône.
Bénézet n'hésite pas un instant et, sous le regard de la foule ébahie, soulève le bloc de pierre avant de le jeter dans l'eau, aidé, dit-on depuis, par une intervention divine, et même par des anges baignés d'une lumière dorée.
À cette époque, il ne fallait pas moins qu’une intervention divine pour faire ce que ni les Romains ni Charlemagne n’avaient osé tenter sur un fleuve aussi large et rapide.
Le pont, entrepris par Bénézet, avait dix-huit cent quarante pas de longueur et cinq de largeur ; il comprenait vingt-deux arches.
Bénézet, qui a vraiment existé, est mort en 1184 et n'a pu donc voir l'achèvement du pont un an plus tard. Il laissa derrière lui « la corporation des frères pontifes d’Avignon, qu’il avait fondée, pour achever, conserver, réparer le pont et loger les voyageurs indigents ». Frères hospitaliers, ils apportaient aussi des bienfaits aux malades.
À sa mort, et selon ses souhaits, son corps fut déposé dans la chapelle du pont.
Un récit des prodiges de Bénézet a été conservé, laissant supposer qu’un procès en canonisation fut entamé sans aboutir. On y apprend qu’un homme avait giflé le saint et eut sa tête qui se dévissa de son cou ! Heureusement, Bénézet y remédia d’une prière.
Plus tard, un paysan, qui avait moissonné le jour de la saint Pierre, eut sa main liée à la faux. Il se rendit sur la tombe du saint et fut délivré. Il y laissa son blé et son outil qui figurent sur l’imagerie, ainsi que de nombreuses béquilles abandonnées là par des miraculés.
Le pape Jean XXII fit composer un office à la gloire du saint et fixa sa fête au 14 avril. Son culte était célébré avec éclat. Durant la cérémonie, on rappelait ses miracles.
Cette belle légende de saint Bénézet est passée dans la ferveur populaire, car la construction du pont a représenté un défi aux éléments. Le Pont Saint Bénézet est l'ouvrage le plus ancien construit sur le Rhône entre Lyon et la mer au XIIème siècle.
Au XVIIe siècle l'état du pont se détériore… Longtemps conservées dans la chapelle du pont, et devant les importantes crues du Rhône, les reliques du saint sont aujourd'hui dispersées dans plusieurs édifices religieux, dont la Collégiale saint-Didier à Avignon.
Du pont, seules quatre arches demeurent et une chanson "Sur le pont d’Avignon", qui a fait le tour du monde et a contribué à rendre célèbre la ville.
Nulle explication satisfaisante à ce succès international n’a été fournie jusqu’à présent, puisque l’on ne connaît ni l’auteur ni l’origine de la chanson qui a été reprise au XIVème siècle par Pierre Certon. De plus, dans la version originale, ce n'est pas sur le pont, mais sous le pont qu’on y dansait !
Sources :
- Avignon & Provence : La légende de saint Bénézet
- Horizon Provence : Promenade en Avignon
- Connaissance et sauvegarde des Oratoires : Saint Bénézet et le Pont d'Avignon
- Histoire et anecdote de la célèbre comptine pour enfants
Pour aller plus loin :
Si vous désirez voir à quoi ressemblait le pont Saint-Bénézet, je vous invite à visionner cette reconstitution numérique qui a permis de redonner une véritable identité historique au patrimoine existant par un bond virtuel de 400 ans dans le passé...
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