Dans les années soixante, une Anglaise, très simple, très riche, très heureuse, très banale, rêvait pourtant chaque nuit de la même maison, un vaste château situé dans un paysage très singulier.
Elle ne connaissait ni les lieux ni le château et se demandait pourquoi l’un et l’autre revenaient sans cesse dans ses rêves. Un jour, au cours d’un voyage d’amoureux qu’elle effectuait avec son mari en Ecosse, que vit-elle au détour d’une route ? Le château de son obsession.
Décidée à connaître le fin mot de l’énigme, elle tint à s’y rendre. Mais qu’allait-elle raconter à ses habitants ? Fort embarrassée, elle sonna à la porte. Un vieillard bourru, sauvage, visiblement un gardien, lui ouvrit. elle demanda qui habitait le château.
Le vieillard lui répondit que la famille de ses propriétaires l’avait déserté depuis cinquante ans et qu’il en était le seul occupant. La femme se sentait de plus en plus intriguée et de plus en plus gênée, parce que le gardien la fixait d’une façon bizarre, presque hostile.
Elle ne savait pas qu’au cours de ses rondes, il rencontrait nuit après nuit le fantôme de la maison et que celui-ci avait exactement les mêmes traits, le même visage, la même stature que la visiteuse.
Finalement, celle-ci prit son courage à deux mains, et posa la question qui lui brûlait les lèvres :
- Ce château est-il hanté ?
- Vous devriez le savoir, puisque c’est vous le fantôme.
***************
Extrait du livre Ces femmes de l’au-delà de Michel de Grèce qui est parti sur les traces des fantômes qui hantent les châteaux. Ayant cette capacité à les entendre et à les voir, il était curieux d’en savoir plus sur leur nature et sur les causes qui réduisent certains morts à cet état.
Il ne doutait pas que s’ils le voulaient, ces fantômes auraient beaucoup à lui apprendre. « Et puis ces malheureux, dont il faudrait avoir plutôt pitié que peur, avaient peut-être besoin de nous, les vivants. » Michel de Grèce a donc pris la route avec en tête cette petite histoire de fantôme dont la réponse finale lui paraissait un symbole applicable à chacun de nous.