Né en Roumanie en 1903, Victor Brauner collabore à la fin des années vingt à une revue surréaliste qui publie ses dessins et ses peintures. Adolescent, il peint l’un de ses premiers tableaux d’après un tombeau dédié à une jeune médium.
En 1930, il s'installe à Paris et devient membre officiel du groupe surréaliste. Son chef de file, le poète français André Breton, préface le catalogue de sa première exposition parisienne. Durant cette période, il réalise une série de tableaux dont le motif central gravite autour de l’œil ; ainsi son Autoportrait réalisé en 1931, où il se représente avec l’œil énucléé, a été considéré comme un effet miroir, une sorte d’art prémonitoire, car, sept ans plus tard, l’artiste perdra effectivement son œil...
C’est dans la nuit du 27 au 28 août 1938 que le drame se produit. Victor Brauner, en voulant s'interposer dans une rixe entre les deux peintres Dominguez et Frances, est atteint en plein visage par un verre brisé lancé par Dominguez qui lui crève l’œil.
Ce qui est étonnant, quand on regarde son autre tableau réalisé en 1932, soit un an après cet Autoportrait, on remarque que l’homme et la femme ont l’un et l’autre l’œil transpercé d’un glaive, mais l’arme qui blesse le personnage masculin porte la lettre D, l’initiale de Dominguez…
Le fantastique de Brauner est plus à rechercher dans la puissance de son imaginaire, il veut à tous moments entrevoir ce que la raison ne perçoit pas, les surprises de l’inconscient que le trait dessine. Son ami le peintre Matta écrivait dans ses "carnets" :
« Voir l’œil, voir son œil, parce que l’œil n’est pas la forme mais la lumière »
Après la défaite de juin 1940, Victor Brauner part avec d’autres artistes se réfugier à Marseille et, dans l’attente d’obtenir un visa pour quitter le pays et échapper à la répression du régime de Vichy, il participe à la création du Jeu de Marseille (création d’arcanes originales inspirées du tarot de Marseille) pour lequel il dessine les figures de la célèbre médium suisse Hélène Smith et du philosophe Hegel.
Depuis toujours, Victor Brauner semble fasciné par les mystères humains, il parsème ses toiles de chiffres, de signes, de symboles destinés à rendre plus lisibles les secrets enfouis de l'acte créateur. Avec ses bestiaires et ses cosmogonies, ses arcanes et ses chimères, Victor Brauner met à l’œuvre les principes d'une vision hermétique du monde, seule garante d'une infinie liberté.
Mort en 1966 à Paris, Victor Brauner ne cesse de nous ouvrir les portes de l'inconnu de l'être. C'était pour lui la seule tâche que l'on puisse assigner à l'art. Sur sa tombe, au cimetière de Montmartre, on peut y voir une tête de marbre qui semble se refléter comme le symbole d’une renaissance qui nous renvoie à son tableau peint un an avant sa mort intitulé La fin et le début.
« Ma peinture est autobiographique, elle raconte ma vie. Et ma vie est exemplaire car universelle.»
Sources :
- Ofrpa.gouv.fr : Les réfugiés célèbres - Victor Brauner
- L’Humanité : Brauner : Histoire de l’œil
- Moreeuw.com : Biographie Victor Brauner
- Télérama : Réinventer le tarot de Marseille sous l'Occupation, un activité surréaliste.
Pour aller plus loin :
Si vous désirez en savoir plus sur ces peintures, voici une vidéo qui présente les œuvres de Victor Brauner.