Cet objet en forme de cigare venu d'au-delà du système solaire alimente les études depuis plus d'un an et personne n'a encore totalement écarté la folle hypothèse d'un engin artificiel.
Ce n'est pas l'hypothèse la plus plausible, et personne ne prétend le contraire. Mais l'arrivée d'un objet spatial en forme de long cigare en provenance de l'espace intersidéral n'a pas manqué d'intriguer la communauté scientifique et le grand public. Et aujourd'hui encore, certains n'excluent pas totalement la possibilité qu'il puisse s'agir d'un engin construit par des extraterrestres.
Oumuamua, c'est son nom, est un objet rouge sombre, en apparence rocheux, d'environ 400 mètres de long, une dizaine de fois plus long que large, tournant sur lui-même.
Lorsqu'il a été détecté, on a aussitôt pensé à une classe d'objets célestes, envisagés par la théorie mais qui n'avaient encore jamais été observés : les astéroïdes interstellaires. Il s'agit d'astéroïdes comme les autres, ou presque, des blocs composés de mélanges de roches formés dès l'origine d'un système solaire, mais nés autour d'une autre étoile avant de s'en éloigner et de traverser l'espace intersidéral. Venu d'ailleurs, Oumuamua a ainsi traversé notre système solaire avant de repartir loin, très loin de nous.
Une comète ? oui mais...
Mais cataloguer Oumuamua n'est pas si facile, et encore aujourd'hui il est un casse-tête pour les spécialistes. Car l'hypothèse astéroïde a pris rapidement du plomb dans l'aile : Oumuamua a accéléré lors de sa sortie du système solaire, alors que la force gravitationnelle du soleil aurait dû au contraire le ralentir.
Les astronomes ont alors pensé qu'il pouvait s'agir d'une comète et non d'un astéroïde. Les comètes contiennent en effet des gaz gelés qui se réchauffent aux rayons du soleil, et finissent par se dégager en jets susceptibles de jouer un rôle de propulseur, un phénomène connu sous le nom de "dégazage" et qui explique la fameuse queue des comètes.
En observant les données collectées lors du passage d'Oumuamua, les scientifiques ont cependant remarqué qu'il manquait un élément essentiel pour qu'il s'agisse d'une comète. Si elle avait dégazé, où étaient les gaz ? Ni queue ni halo n'ont été observés autour d'Oumuamua. De plus, une étude récente de Roman Rafikov, un astrophysicien de l'université de Cambridge, montre que les forces qui auraient dû le faire accélérer et produire une queue, s'il s'agissait d'une comète, l'auraient brisée en morceaux.
On revenait donc à la case départ : un objet inconnu.
Lire la suite sur L’OBS : Ce "cigare interstellaire" est-il vraiment un vaisseau spatial ? du 06 novembre 2018 par Jean-Paul Fritz.
Dans un autre article publié le même jour sur CNews les chercheurs du Harvard Smithsonian for Astrophysics estiment pour leur part que l'objet, 10 fois plus long que large, de couleur rouge et noir et se déplaçant à 315 431 km/h, pourrait être « d'origine artificielle ».
« Oumuama pourrait être la première sonde opérationnelle envoyée intentionnellement vers la Terre par une civilisation extra-terrestre », écrivent les chercheurs dans un article rapporté par CNN.
Ces derniers estiment aussi que l'Oumuamua pourrait être une « voile solaire » comparable à celle fabriquée sur notre Terre, et qui permet aux vaisseaux spatiaux de se déplacer grâce à la radiation émise par les étoiles. Les chercheurs pensent que le fait que l'objet se déplace à haute vitesse et sur une trajectoire inhabituelle pourrait signifier qu'il n'est plus en service.
« Oumuamua est le premier objet jamais vu dans notre système solaire que l'on sait provenir d'autre part », écrivent également les scientifiques.
Et cette semaine, dans Paris Match l’article de David Ramasseul relate que l’astrophysicien Avi Loeb, dans une interview donnée au journal israélien Al Haaretz, explique pourquoi il estime que l’étrange astéroïde Oumuamua pourrait être un vaisseau d’origine extraterrestre.
« Je me moque de ce que pensent les gens » : Avi Loeb, directeur du département d’astronomie de l’université de Harvard n’a pas la langue dans sa poche. Ni les idées : dans un article publié par The Astrophysical Journal Letters, revue de référence de la discipline, Avi Loeb émet l’hypothèse que l’astéroïde Oumuamua, premier objet observé dans notre Système solaire sans en être originaire, pourrait avoir été fabriqué par une civilisation extraterrestre. (« Si j'ai raison, c'est l'une des plus grandes découvertes de l'Histoire » La suite de l'article sur Paris Match)
Trouver des objets ressemblant à Oumuamua, que l'on puisse analyser de plus près, nous apporterait des réponses sur la nature du premier objet interstellaire jamais détecté par l'humanité. Même si le mystère plane encore autour d’Oumuamua, ce visiteur venu d’ailleurs mérite bien sa place dans l'histoire des sciences comme l’explique si bien l’astrobiologiste Karen J. Meech de l’Institut d’astronomie de l’Université d’Hawaï dans cette vidéo.
« Je pense que “Oumuamua” a beaucoup d’autres choses à nous apprendre […]. Plus important encore, je pense que ce lointain visiteur a vraiment confirmé le fait que notre système solaire n’est pas isolé. Nous faisons partie d’un milieu bien plus grand et, en effet, nous pourrions bien être entourés de visiteurs interstellaires sans même le savoir. Ce cadeau inattendu a peut-être soulevé plus de questions qu’il n’a apporté de réponses, mais nous avons été les premiers à saluer un visiteur d’un autre système solaire. » Karen J. Meech
Pour aller encore plus loin :
Découvrez également la toute dernière interview de l’astrophysicien Ari Loeb. En voici un extrait :
Pourquoi vous intéressez-vous à la recherche d’une intelligence extraterrestre ?
« Je pense que la question « sommes-nous seuls ? » est la plus fondamentale de la science, car elle a d’importantes implications sur la manière dont nous voyons notre place au sein de l’univers. Si nous trouvons la preuve de l’existence d’une autre civilisation, nous réaliserons peut-être que nous ne sommes pas les plus intelligents du quartier, et qu’il existe des technologies plus avancées que les nôtres, parce d’autres ont eu plus de temps pour les inventer. »
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