Les primatologues ont longtemps cru en un "répertoire vocal" limité pour chaque espèce de singe qui les rend incapables d’apprendre de nouvelles sonorités au-delà d’un certain domaine. Cette théorie suggère que le développement du langage verbal est une caractéristique propre à l’Homme. Toutefois, Koko est peut-être sur le point de briser cette notion scientifique.
Marcus Perlman, chercheur à l’Université du Wisconsin à Madison, a travaillé à la Gorilla Foundation, où se trouve Koko, depuis 2011. « Je suis allé là-bas à l’origine pour observer les gestes de Koko, mais, en regardant des vidéos d’elle, je la voyais effectuer tous ces comportements vocaux étonnants ! raconte-t-il au Daily Mail. Ceux-ci étaient des comportements appris, ne faisant pas partie d’un « répertoire typique des gorilles », ont trouvé Perlman et ses collègues chercheurs.
Bien que la maîtrise de la langue des signes de Koko est en effet extraordinaire, Perlman pense qu’elle n’est « pas plus douée que d’autres gorilles… La différence réside seulement dans ses conditions environnementales. Vous ne voyez évidemment pas ce genre de choses dans les populations sauvages. Elle montre que, dans le bon environnement, les singes peuvent développer un certain contrôle de leurs aptitudes vocales. Ce n’est pas aussi précis que le contrôle humain, mais c’en est bel et bien un. »
Certains pourraient se demander quelle valeur, le cas échéant, cette évolution pourrait conférer au mouvement de la personnalité des singes, un mouvement initié aux États-Unis permettant aux grands singes (gorilles, chimpanzés, orangs-outans, bonobos) d’être reconnus comme des personnes et donc digne de jouir de droit, comme celui de la liberté. À noter que les conséquences d’un tel changement juridique rendraient difficile, voire impossible, la réalisation de tests médicaux ou pharmacologiques sur les grands singes d’aucune sorte.
Documentaire "Animaux secrets" - Koko, une femelle gorille surdouée - partie 1/4
Pour aller plus loin :
En 2001, Robin Williams s'était rendu à la Gorilla Foundation à Woodside, en Californie. Sur place il avait fait la connaissance de Koko. Le lien s'était très rapidement créé entre l'animal et l'acteur qui avait même réussi à faire sourire Koko qui ne l'avait pas fait depuis plus de six mois. En effet, le gorille avait perdu son compagnon d'enfance et était entré dans une sorte de mutisme. Dans la vidéo, on voit la complicité incroyable et la tendresse qui s'en dégagent.
L'histoire devient encore plus incroyable lors de l'annonce du décès de Robin Williams. Le docteur Penny Patterson (présente lors de la première rencontre et toujours en charge de Koko) se trouvait avec Koko. Lors d'une interview, elle raconte que Koko a tout de suite compris qu'il s'était passé quelque chose de grave. Penny lui a expliqué cette triste nouvelle en langage des signes. Koko a alors répondu par deux mots : maman et pleurer et des larmes se sont mises à couler.